Pouvons-nous y croire?

M. Claude BRUAIRE
Il est ressuscité - n°39 Janvier - Février 1982 - Page n° 2

« Si le Christ n'est pas ressuscité, notre foi est vaine.» L'affirmation tranchée de saint Peul met en silence toute spéculation qui s'efforce de biaiser avec cet événement «incroyable» . Comme la pensée serait à l'aise sans lui! Toute autre proposition du Credo serait un large lieu d'accueil pour la recherche théologique. Nous pourrions disserter d loisir sur la vie trinitaire, exprimer la charité et l'espérance avec bonheur. Mais très vite nous nous surprendrions à affadir l'Evangile, à l'assimiler à nos pensées trop humaines, a l'acclimater a d'autres religions. Le salut du Dieu chrétien n'est inassimilable, irréductible, indérivable, que s'il commence avec la résurrection. Otez celle-ci, et nous n'aurons plus un mot a dire qui soit, singulièrement, chrétien.

Nous pouvons trouver tout le reste ailleurs, ou à peu près. Car tout le reste du message révélé n'a son sens propre que pour et par la résurrection. Le Christ, après quelques discours édifiants, aurait terminé dans l'échec de l'infamie sur une croix de brigand. Mais la promesse du Royaume se réalise au commencement inouï de la Vie ressuscitée. Alors revient inlassablement la question lancinante : pouvons-nous y croire ?

Sans doute, nous pouvons faire semblant, et parler d'autre chose : exposer une herméneutique, moduler sur «ce qu'il faut entendre par là » , glisser de l'événement, tenu pour in essentiel, à « l'essentiel », plus compréhensible, plus intelligent, plus «signifiant » . L'essentiel, ce serait notre foi, sa manière de dire une libération ou une conception nouvelle... Seulement, le fait, la résurrection; le tombeau vide, le corps debout; vivant parlant, est-ce un symbole, une métaphore, un signe, et, au fond, l'heureux avenir d'une illusion ? Mais alors, autant n'importe quelle autre philosophie ou organisation de bienfaisance : toute la tradition chrétienne serait bâtie sur un mensonge immense.

Posons-nous les questions les plus simples. L'aubergiste d'Emmaüs pouvait-il, sans la foi, voir son troisième client ? L'apôtre Thomas pouvait-il, ou non, mettre sa main sur les plaies de Jésus ? Répondons-nous clairement ? Ne sommes-nous pas pressés de passer à d'autres exercices? C'est que la résurrection heurte nos pensées les plus habituelles et ne semble guère «intelligente» . Au point que nous en avons honte. En fait, toutes nos idées sur la vie et la mort, sur la nature et l'esprit, rendent inconvenante la résurrection. Surtout, quand nous pensons «Dieu» , nous ne pouvons pas penser un mort qui reprend vie.

On mesure alors tout le travail philosophique et théologique qui est a faire, a recommencer inlassablement sur un chantier a peine ouvert. A moins que notre foi ne soit vaine...

Sans doute faut-il concevoir la transformation du corps du Christ ressuscité. Sans doute faut-il redécouvrir le sens du salut. Mais d'abord, retenir la vérité de l'événement, et s'efforcer de le penser dans sa dure et pure historicité, dans sa manifestation charnelle. Georges Chantraine, dans les pages qui suivent, expose la problématique nécessaire, sans complaisance. Nous ne pouvons l'amputer, le morceler, moins encore l'édulcorer. Tant pis si nous faisons aveu de balbutier. L'essentiel, pour tous les auteurs de ce numéro, c'est que notre foi ne soit pas vaine.

 


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