Jésus-Christ, guérissant et souffrant

Jacques GUILLET
Guérir et sauver - n°11 Mai - Juin 1977 - Page n° 17

La souffrance, le Christ la regarde face-à -face, et la reçoit de plein fouet. Il la combat donc en guérissant, mais aussi bien en faisant tout pour épargner les autres : en endurant la Croix.

La première page, 17, est jointe.

ON ne parlera ici que de la souffrance, et pas du péché. De ce mai qui s'attaque à l'homme et le détruit, de cette paralysie qui mine sa vitalité, inexorablement, de cet étau qui l'empêche de respirer et qui, à chaque seconde, semble découvrir une zone plus profonde à saisir, un centre encore in­tact à broyer.

Le péché est pire, sans doute : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l'âme ; craignez bien plutôt celui qui peut faire périr âme et corps dans la géhenne » (Matthieu 10,28). Mais le péché, celui qu'on commet ou celui qu'on subit, ne paraît pas détenir cette puissance destructrice. La liberté y joue son rôle, et le monde y reste intelligible. Je l'ai voulu : cruelle satisfaction, du moins est-ce une satisfaction de se sentir encore un homme, de pouvoir regarder et juger. Mais quand la souffrance a tout envahi, c'est fini de juger et de voir. Il n'est plus possible que de gémir, de crier tant qu'il subsiste un reste de force.

Crier, comme a fait Job : « Je hurle vers toi, et tu ne réponds pas » (lob 30,20), « Qui me donnera quelqu'un qui m'écoute ? Voilà mon dernier mot : au Puissant de me répondre ! » (Job 31,35).

Crier comme a crié Jésus : « A trois heures, Jésus cria d'une voix forte : " Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? "... Et poussant un grand cri, Jésus expira » (Marc 15,34.37).

Au cri lancé par Job, Dieu paru donner une réponse ; mais c'était pour lui retourner la question: « Ceins donc tes reins comme un brave : je vais t'inter­roger et tu m'instruiras » (lob 38,3 ; 40,7), et Job n'a plus qu'à se taire : « Je ne fais pas le poids, que te répliquerai-je ? Je mets la main sur ma bouche. J'ai parlé une fois, je n'ai rien à reprendre ; deux fois, je n'ajouterai rien » (40,4-5).

Jésus, lui, est mort sans avoir entendu de réponse, et ce silence où nous pouvons tout juste soupçonner quelque chose de l'abîme d'horreur qui enveloppa ses derniers instants, demeure pour nous un avertissement : nous garder de vouloir substituer nos propres réponses à la réponse que Dieu n'a pas voulu donner, d'imaginer pouvoir suppléer à son silence par nos paroles.

....

 


Revue papier

La revue papier est épuisée , seul l'achat de pdf est disponible

Revue numérique

Titre Prix HT € TVA % Prix TTC Action
Guérir et sauver - pdf Gratuit pour tout le monde Télécharger