Occasions-1

Stanislas FUMET
Guérir et sauver - n°11 Mai - Juin 1977 - Page n° 95

Signet

 Ces aphorismes sont extraits du recueil Occasions-1 qui appartient à un ensemble beaucoup plus vaste, pour l'essentiel achevé. Nous remercions M. Stanislas Fumet de nous avoir confié un premier choix.

Tout l'article est joint.

* L'honneur a l'air d'une chose abstraite. Mais c'est comme la beauté. Il est à la vertu ce que le Beau est au Bien.

* Le pessimisme de la philosophie moderne est condamné par tout ce que la nature révèle d'ordre et de sagesse au regard attentif, pour peu que celui-ci se porte sur la structure de chacune de ses productions. Si le comment est si merveilleux, c'est que le pourquoi doit l'être au moins autant. Et alors, que penser du quoi, sinon qu'il est divin ? * Un être complet dans l'humanité, un homme réussi, est celui qui, à mesure qu'il avance en âge, ne perd pas ce qu'il quitte. Il garde la fraîcheur, la naïveté de l'enfance, il garde les grâces et la chaleur de l'adolescence, il prend la force de la maturité ; avec le temps, il acquiert la sagesse du vieillard. Mais tout cela se superpose, sans que rien ne soit tué, ou « néanti ». C'est ainsi qu'on peut grandir « en sagesse et en grâce ».

* Le Français. Dieu aime en lui qu'il défende la nature, œuvre de Dieu, contre la surnature, gloire de Dieu. Il aime ces exigences, cette résistance du bon sens. L'étranger accepte trop vite le surnaturel, au détriment de la nature. Dieu aime que l'on défende encore sa première œuvre.

* La personne et son mystère. Aniouta : « Dieu est le mystère de la personne, mais la personne est le mystère de Dieu ».

* La mesure, maîtrise de soi, signe de puissance. Toutefois, à la condition qu'elle retienne un flux véritable. Être classique sans le vouloir.

* Tendance à vouloir la chose avec son explication. Peut-on avoir les deux ensemble ? Sans l'explication, la chose se dérobe, même si l'explication est juste et satisfaisante.

La foi choisit la chose.

 

* Seigneur, donnez-nous une charité naturelle !

La charité, qui n'est que surnaturelle, c'est encore la « cymbale » : elle n'est pas nôtre, il lui reste à être « participée ».... Pour vous, théologiens.

* La raison toute seule ne suffit pas pour faire vivre un homme dont l'âme est immortelle. La foi toute seule ne suffit pas pour faire vivre un homme dont le corps est mortel.

* Ils ne sont pas difficiles. Ils se contentent de peu. Se maintenir en vie dans leur petit coin, chauffés par leur ordure, accrochés à leur os.

* Seigneur, prends toute la place en moi. Seigneur, chasse-moi de moi-même. Chasse-moi en Toi.

* J'ai en aversion la forme d'intelligence qui dégrade. Qu'on juge, à notre époque, si je suis copieusement servi. (p.95)

* Retrouvé dans une poche, datée de Pentecôte 1946, cette pensée écrite de jour-là parce que plus intensément sentie, mais qui me revient régulièrement : « Tout a été créé en vue d'une jeune fille qui devait porter Dieu ».

* Tradition. Fidélité à tout l'avancement du passé. Être en continuité avec tout cet effort, tout ce processus. Solidarité avec tout le créé. Familiarité avec tous les âges. Participation au maximum de vie. Exemple de la ramification : chaque branche s'élance dans un sens et est retenue par celle dont elle sort.

* Une nature, c'est fait pour que Dieu s'y reflète. Il demande à se mirer dans un tempérament.

* Leur christianisme ennuyeux est un christianisme avalé de travers.

*« Au dernier jour », disait-il, « nous serons jugés par un Bébé ».

* Aujourd'hui ils ont découvert le corps, de toutes manières. Ils ont supprimé la chair, avec l'âme.

* Depuis que les idéalismes ont empoisonné le monde en supprimant la réalité de Dieu...

* Ascension 1950. Seigneur, Ta présence dorénavant sera Ton absence partout.

* Il n'y a que la religion chrétienne qui se charge de vous décentrer.

* Le christianisme : une accommodation de la vie spirituelle à deux yeux. L'œil de Dieu (surnaturel et le mien (naturel. Pas la peine de loucher...

* Celui qui a n'est pas poète. Le Français est quelqu'un qui fait ses comptes : belle prose.

* Je ne demande pas à comprendre, je demande à entendre.

* Le christianisme ne vous laisse pas la liberté, il vous la donne.

* Ce goût de n'être qu'un chaînon (perdu) dans l'Histoire, ce plaisir inhumain de n'exister que pour la faire avancer. Ils semblent l'avoir tous aujourd'hui et je ne partage pas leur désintéressement.

Ils haïssent la fixité, ils redoutent l'arrêt par l'être, ils fuient la contemplation. En revanche, comme j'admire la position (si profitable) de Claudel, qui consiste à se sentir solidaire dans l'espace d'un tout actuel : la simultanéité nous ramène à l'éternel, la succession nous en écarte.


Revue papier

La revue papier est épuisée , seul l'achat de pdf est disponible

Revue numérique

Titre Prix HT € TVA % Prix TTC Action
Guérir et sauver - pdf Gratuit pour tout le monde Télécharger