Morale et communication

Les récentes prises de position de l'Eglise en matière de morale ont reçu du public un accueil réservé, voire hostile. Cette réaction provient certes dé ce qui est en cause, mais peut-être aussi de la manière dont le message est transmis.

 Les déclarations du Magistère ecclésiastique sur l'avortement, la contraception et la morale sexuelle ont mis en lumière les conditions particulièrement difficiles que connaît le dialogue de l'Église avec l'opinion publique. De pareilles interventions sont devenues courantes, surtout depuis le XVIIe siècle. Elles jalonnent l'itinéraire en général accidenté qu'est l'histoire de la morale catholique. L'Église parle pour redresser les mœurs, pour signaler des erreurs, pour mettre en garde les fidèles et même les théologiens. Le ton est souvent ressenti comme polémique. L'acceptation des doctrines proposées se fait parfois attendre. Mais celles-ci sont d'ordinaire bien comprises. Aujourd'hui, le langage lui-même semble pourtant faire problème. Sans qu'une cassure soit nettement repérable, un changement est intervenu dans les qualités de transmission et réception du message moral. Il résulte d'un processus historique, complexe et continu, dont nous constatons et analysons ici le point d'aboutissement actuel.

Un message incompris

Illustrons cette situation par un exemple récent. La Congrégation de la doctrine de la foi (qui a pris la relève du Saint-Office) s'est proposée de faire le point sur l'essentiel de la morale catholique en matière sexuelle. L'intention de la déclaration publiée le 15 janvier 1976 est évidente : il s'agit de clarifier les positions doctrinales, dissiper les malentendus au plan de la vie chrétienne et de la pratique pastorale. Les fondements et les principes éthiques sont rappelés. Les grandes lignes de la morale sexuelle sont condensées. On en fait l'application de quelques points particulièrement discutés aujourd'hui (la masturbation, les relations préconjugales et l'homosexualité). Plusieurs mesures sont prises en vue de favoriser la communication et l'acceptation du document. Avant sa divulgation et pour la préparer, le texte est envoyé aux évêques. Par leurs soins, les professionnels des mass media ont été informés des points essentiels et des intentions fondamentales de la déclaration.

Mais l'accueil de l'opinion publique est peu favorable, voire sarcastique. [...]

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