Oraison, méditation, contemplation

Ces mots sont trop souvent confondus. L'étymologie montre que l'oraison est la vocation de l'homme parce que Dieu veut partager avec lui son intimité. Là où les Pères et les médiévaux, dont la vie était entièrement gouvernée par la recherche de Dieu, ne distinguaient que des perceptions superposées de Sa présence, l'époque moderne, depuis l'invention de l'horloge mécanique et de l'imprimerie, détachera des « temps d'oraison », dans lesquels il faudra entrer selon des méthodes précises.

Oraison, méditation, contemplation... Ces trois mots sont bien souvent perçus approximativement, ou même interchangés, dans les ouvrages modernes traitant de « spiritualité », ce parent pauvre et un peu dédaigné de la théologie contemporaine. Dans la Tradition de l’Église, ils sont cependant fondamentaux pour comprendre l’essentiel de la vie chrétienne : notre relation vivante au Christ. Aussi allons-nous demander aux maîtres de la prière chrétienne de nous en préciser le sens.

1. L’essence de l’oraison

Allons directement au coeur de l’oraison en remontant à la racine du mot : oraison vient du latin os, la bouche, le visage. Os ad ora (littéralement : bouche à bouche), qui a donné le français adorer, et de là oraison, indique exactement la situation dans laquelle Adam vient à la vie au livre de la Genèse :

Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, et il insuffla dans ses narines une haleine de vie, et l’homme devint un être vivant¹.

Autrement dit, l’homme vient à l’existence en oraison : c’est là qu’il trouve son équilibre profond, c’est là qu’est sa vocation. Et en amont, l’ensemble du récit de la création nous montre que tout ce que Dieu réalise s'explique [...]

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1. Genèse 2, 7.