Le vécu, le témoignage et la mémoire - Réflexion sur trois clichés

Le commencement est le plus difficile. Il ne faut donc pas commencer la réflexion  sur le catéchisme en présupposant des platitudes floues, idéologiques et sans doute fausses.

Dans une réflexion sur le catéchisme on rencontre comme partout des modes, de ces mots qui n'ont pour rôle que de déclencher une réaction ou signaler une position. Des formules passe-partout dont le sens devient secondaire parce qu'elles ont cristallisé beaucoup de susceptibilités, justifié des échecs douloureux ou pourfendu des interlocuteurs. Examinons quelques-uns de ces mots-signaux qui ornent la langue de bois des bien-pensants, quelques-uns de ces mots où s'accumulent tant d'incompréhensions. Ce n'est pas sans crainte car tout y est tellement piégé qu'on peut redouter d'ajouter encore un peu d'incompréhension. La difficulté est d'autant plus grande qu'il s'agit de retenir des propos qui sont « dans l'air », chacun les a nécessairement soutenus un jour sans être pour autant allé au bout de sa pensée.

Vécu (partir du...)

« Partir du vécu... », telle est la recommandation la plus souvent répétée, en catéchèse comme dans les autres disciplines. Une telle démarche ne devrait même pas avoir besoin d'être recommandée : elle a pour sens de montrer que les idées ne sont pas que des idées, qu'elles sont des réponses à l'existence. Une idée dont on ignore à quelle question elle répond ne constitue certainement qu'un faux savoir, un obscurcissement des intelligences. « Partir du vécu... », ce n'est pas autre chose que refaire avec l'enfant le chemin que parcourt une idée à sa naissance. « Partir du vécu... », c'est recommencer toujours, maintenir la pensée au contact de l'existence pour vérifier si l'on sait encore ce que l'on dit. Si l'on ne se demande jamais à quelle vie correspond ce que l'on dit, on s'égare vite dans les constructions idéologiques édifiantes.

Cette recommandation relève donc du bon sens et ne devrait pas avoir à être rappelée à un pédagogue. On en revient sans cesse à Socrate : partir de [...]

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