La catéchèse se fonde-t-elle sur la théologie ou sur la foi ?

La catéchèse n'a pas à vulgariser telle ou telle hypothèse exégétique ou philosophique (tant elles passent, se renouvellent et se contredisent vite), mais à faire accéder au mystère global du « Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré pour moi ».

1. La nouvelle situation

La question posée dans le titre semble ignorer les nombreux et importants problèmes qui nous assaillent à première vue : comment concevoir un caté­chisme adapté à notre temps ? Peut-on répondre avec les seuls articles de foi de l'Église aux questions que se posent les jeunes à l'âge scolaire ? Quel est, dans une école laïque, le rapport à établir entre l'heure de «religion » et les autres matières ? La collaboration entre l'enseignant, la famille et la commu­nauté peut-elle réellement s'établir ? Quelle formation donner aux caté­chistes ? Que faut-il traiter en priorité : la dogmatique, l'éthique, l'histoire générale des religions (cette dernière a le plus de chances de susciter l'inté­rêt) ? Des questions brûlantes, qui doivent toutes êtres examinées à fond. Et pourtant la nôtre semble de toutes être la plus brûlante ; elle ne s'informe pas seulement du contenu indispensable et donc de l'essence de la catéchèse, mais par la même de ce qui fait et fera toujours le christianisme.

Avant le siècle des Lumières, la question qui nous assaille aujourd'hui ne se posait pas, c'est-à-dire aussi longtemps que toute théologie se comprenait comme un essai d'interprétation du contenu mystérieux de la Révélation divine, résumé dans le Credo de l'Église. Thomas d'Aquin disait que la théologie avait comme principe premier les articles de foi qui, par la lumière de la foi qui l'inspire, apparaissent évidents au croyant, à la manière dont les principes inhérents à notre nature humaine nous apparaissent évidents par la lumière de la raison raisonnante. Il ne faut pas s'étonner si ces articles de foi ne sont pas connus des incroyants privés de la lumière de la Révélation¹. [...]

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1. « Prologue » au Commentaire des sentences, art. 3, sol. 2, ad 2. Guillaume d'Auxerre avait déjà dit : « Articuli fidei sunt principia per se nota ». Cf. M.-D. Chenu, La Théologie comme science au Xll/^e siècle (pro manuscripto), 1943.