Soixante-dix ans après l’été 1940 : la Seconde Guerre mondiale, conflit de civilisation

M. Yves-Marie HILAIRE
Croire l'Eglise - n°212 Novembre - Décembre 2010 - Page n° 97

Les historiens ont trop souvent sous-estimé la part du refus du nazisme comme idéologie raciste et antichrétienne dans le choix de nombreux Français libres de 1940 et des premiers résistants de l’intérieur. Parmi ceux-là, les catholiques, les protestants et les Juifs sont nettement surreprésentés. Or ces milieux sont mieux informés que d’autres sur le nazisme. La première résistance intérieure, elle, naît autour de deux milieux : une minorité socialiste et des chrétiens antinazis.

 

La Première Guerre mondiale a été vécue dans chaque camp comme un conflit de civilisation : du côté des Alliés, les droits de l’homme et ceux des nations démocratiques paraissaient menacés par les hordes disciplinées d’un empire autoritaire qui massacraient les civils innocents et détruisaient les merveilles de l’art européen ; du côté des Allemands, la nation bénie de Dieu, dont les ceinturons des soldats portaient la devise « Gott mit uns » s’était dressée contre l’empire arriéré de l’Est, la Russie (voir Août 1914 de Soljenitsyne) et la nation déchristianisée et décadente de l’Ouest, la France. D’emblée dès le 1er novembre 1914, le nouveau pape Benoît XV, élu en septembre de la même année, a rejeté ces visions contradictoires d’un conflit de civilisation : « Chaque jour la terre ruisselle de sang nouveau, se couvre de morts et de blessés. Qui pourrait croire que ces gens qui se battent les uns contre les autres descendent d’un même ancêtre, que nous sommes tous de même nature et que nous appartenons tous à une même société humaine ? Qui reconnaîtrait en eux des frères, fi ls d’un même Père qui est dans les cieux ? » Par deux fois ensuite, le 4 mars 1916 et le 24 décembre 1917, il évoque à propos de cette guerre interminable « le suicide de l’Europe civilisée ».

 

 

Les historiens contemporains1 rejoignent le point de vue du pape Benoît XV : la « brutalisation » des relations humaines, engendrée par « la culture de guerre », contribue au succès du coup d’état bolchevik qui, en 1917, drapé dans le mythe révolutionnaire, a asservi un peuple immense pendant soixante-dix ans et menacé les autres peuples, et elle a nourri la rancoeur des vaincus humiliés d’être obligés de se soumettre à une paix imposée qu’ils ont jugée injuste et malhonnête et qui était grosse d’une volonté de revanche aux conséquences catastrophiques.

À l’opposé la Seconde Guerre mondiale, dans son commencement à l’ouest de l’Europe, apparaît bel et bien comme une guerre de civilisation engagée contre une idéologie raciste et antichrétienne qui prétend alors dominer l’Europe. [...]

 

 


1. Voir les ouvrages d’Annette Becker et de Stéphane Audoin-Rouzeau sur la Grande Guerre. 

 

 


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