L’Église, peuple du pardon. Remarques sur la catholicité de Manzoni

Pierluigi FIORINI
La Catholique Eglise - n°224 Novembre - Décembre 2012 - Page n° 87

Alessandro Manzoni (1785-1873) aspirait à créer un genre littéraire où le peuple aurait la parole. Pour lui, l’Église, qui accueille des justes et des pécheurs, est le lieu où s’exprime la pleine humanité de l’homme. Son roman Les Fiancés illustre particulièrement sa vision de l’Église : au rebours du monde qui exige un dévouement absolu à la logique de force et de pouvoir, l’Église invite au pardon, à la suite du Christ. Elle se présente comme lieu de l’attention réciproque, où chacun est gardien de son frère.


1. Images d’un peuple

Le parcours littéraire d’Alessandro Manzoni (1785-1873) peut se décrire, dans une large mesure, comme une tentative passionnée pour mettre en oeuvre un caractère authentiquement populaire. Pour cela, Manzoni a accompli des entreprises titanesques : il a construit un élément choral tragique, il a repris la tradition hymnologique, quasiment absente de la poésie italienne, il a créé le genre romanesque1, et la langue qui lui était propre. Mais cette recherche passionnée laissa Manzoni insatisfait : il ne parvenait pas à créer un genre qui comble ses exigences de vérité, ses aspirations linguistiques, et semble-t-il, sa volonté de donner la parole au peuple2.

D’où provenaient de telles exigences ? On indique en général un passage du Discours sur quelques points de l’histoire lombarde en Italie (1822) : “Si les recherches les plus philosophiques, et les plus exactes, sur l’état de la population italienne sous la domination lombarde ne pouvaient conduire qu’au désespoir de le connaître, cette seule démonstration serait déjà une des plus importantes et des plus riches pour la pensée que l’histoire puisse offrir. Une immense [...]
 

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1. En effet, Les Dernières Lettres de Jacopo Ortis (1802), roman par lettres d’Ugo Foscolo, relève plus, à strictement parler, du genre lyrique que du romanesque, ce que remarquait déjà, en 1870, le grand critique Francesco de Sanctis ; pour trouver d’autres romans italiens, il faut remonter au XVIIe siècle. 

2. On verra en particulier Luca Badini Confalioneri, Les régions de l’aigle et autres études sur Manzoni, Peter Lang, Bern, 2005 (NdT).


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