La catholicité de l’Église chez Hans Urs von Balthasar

Une Église ne peut être « catholique » que parce que Dieu l’est – Il est Seigneur de l’Univers – et parce qu’en Jésus et dans l’Esprit Saint – les deux mains du Père – cette catholicité de Dieu s’est révélée et donnée au monde. Don de Dieu à l’Église effectué sur la Croix, cette catholicité est à réaliser dans le temps et dans l’espace, en dépit des carences dans le témoignage des chrétiens.

Balthasar ne cessait de le répéter, et, vers la fin de sa vie, avec la solennité d’un testament¹ : c’est sa collaboration intense avec Adrienne von Speyr qui a imprimé un tournant radical dans sa pensée. Les grâces mystiques d’Adrienne, en particulier la descente aux enfers lors du triduum pascal sur les traces du Christ, ouvrirent au théologien suisse un horizon nouveau, celui de la kénose. Alors que, dans le sillage de la pensée grecque, la théologie classique tendait à regarder vers le haut, vers les cieux, Adrienne et Balthasar commencèrent à réfl échir sur un univers à l’envers, dans lequel la tension dominante n’était pas dirigée vers le haut, mais vers le bas. Cette intuition est à l’origine de la Théologie des trois jours², c’est le fil d’Ariane qui sous-tend la genèse de la trilogie de La Gloire et la Croix, La dramatique divine, et Théologique. On la retrouve aussi dans les fragments épars d’ecclésiologie, et dans des allusions, brèves mais incontestablement originales, touchant la catholicité de l’Église. Il y a par ailleurs un autre point fondamental pour Balthasar, qu’il nous faut ici souligner : l’événement central de l’histoire de Dieu et de l’homme coïncide pour lui avec l’incarnation, plus précisément, pour employer le terme de saint Jean, avec « l’heure » pour laquelle le Christ est venu. C’est de là que naît la dramatique, l’histoire de la lutte glorieuse de Dieu pour l’homme. Pour cela, il faudra avoir toutefois le courage de tourner le regard vers le Dieu-Trinité, et [...]
 

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1. Unser Auftrag, Johannes-Verlag Einsiedeln, 1984.

2. Pâques. Le Mystère, traduit par R. Givord, Cerf, 1972.