Épistémologie des croyances et apologétique – Quelques remarques à partir de Warranted Christian Belief de Plantinga

Les chrétiens tiennent pour vraies un certain nombre de propositions portant sur Dieu, sur l’homme ou sur son salut, ils les professent, mais ils se font aussi réflexivement une certaine idée de la nature même de l’acte de foi et de la façon dont sont connues – ou des façons dont peuvent être connues – les vérités qu’ils professent. Il semble par exemple traditionnel dans l’Église d’affirmer que la foi est un don de Dieu, ou que certaines propositions sont crues sur la base du témoignage des Apôtres ou du Christ ; la doctrine de l’accessibilité à l’homme par la raison naturelle bien conduite de vérités essentielles à propos de Dieu ou de l’utilité possible des preuves de l’existence de Dieu pour l’acceptation de la Révélation fait aussi partie de son enseignement.

  Affirmer tout cela suppose chaque fois d’adopter ipso facto à propos de l’acte de foi ou des modes d’accès à la vérité certaines thèses épistémologiques, et ceci d’abord relativement au versant descriptif de l’épistémologie comme étude des sources et des modalités d’acquisition des croyances. Mais surtout, il est aussi chaque fois implicitement dit, à travers ces affirmations, que telle ou telle façon de donner son assentiment à un certain type de proposition peut être acceptable et raisonnable pour un homme, relativement à des critères objectifs ou universels d’acceptabilité ou de rationalité (quand bien même cette rationalité serait accidentellement non reconnue de tous ou temporairement scandaleuse pour certains). En attribuant tacitement un statut épistémique positif à telle croyance que l’on tient par exemple pour une croyance testimoniale (mettons la croyance à la Résurrection pour qui n’en est pas témoin oculaire) [...]

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