Constance - regard sur trois acteurs

Père Jean-philippe GOUDOT
L'Eglise une - n°236 Novembre - Décembre 2014 - Page n° 111

En ce 600e anniversaire de l’ouverture du concile de Constance, lieu de tensions extrêmes, l’analyse des rapports de forces entre personnages ecclésiologiques est déterminante pour comprendre le processus et les enjeux de la résolution du plus long schisme pontifical de l’histoire :l’empereur, le Sacré Collège et les évêques ont joué des rôles très contrastés. Quelles peuvent en être les suites en 2014 ?


Novembre 2014 marque le 600e anniversaire de l’ouverture du concile de Constance. Les publications ne manqueront pas sur le sujet. Or le Grand Schisme d’Occident, s’il a été l’objet de nombreuses études historiques, a été relativement peu traité en ecclésiologie, sauf en ce qui concerne les développements du conciliarisme. Il serait pourtant intéressant d’étudier quelques-uns des acteurs conciliaires réunis pour résoudre la fracture née en 1378 au sein de l’Ecclesia romana, l’Église particulière de Rome, à la suite d’un désaccord entre ses membres (le Collège cardinalice) et sa Tête (le Pontife romain). Cet angle d’approche permet de rendre compte de la nature des tensions et des compromis d’un concile extraordinaire à tous égards, par ses convocations réitérées, son déroulement chaotique, ses décrets et leur réception. Le cadre de cet article imposant des choix, nous délaisserons le pape et les universitaires comme personnages ecclésiologiques, pour focaliser nos regards sur l’empereur, le Sacré Collège et les évêques. 

1. L’ultime épiphanie de l’empereur dans l’Église

Le souvenir du temps où Charlemagne, avant même d’être empereur, était acclamé par le concile de Francfort (794) comme « recteur du peuple chrétien1 », puis écrivait à Léon III que son rôle, comme roi, était de « veiller au-dedans [de l’Église] à faire reconnaître la foi catholique », n’avait pas totalement disparu des cercles dirigeants du Saint-Empire2. En outre, deux précédents historiques marquaient la mémoire de l’institution impériale dans ses rapports séculaires et houleux avec la papauté : en 963, Othon Ier avait déposé Jean XII3 ; en 1046, l’empereur Henri III força [...] 
 

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1 Favier, J., Charlemagne, Paris 1999, 399.

2 Pacaut, M., La Théocratie. L’Église et le pouvoir au Moyen Age, Paris 1957 (=La Théocratie), 35. 

3 Dietrich von Niem ne se fit pas faute de le rappeler en mars 1415 : Voir Finke, H. – Heimpel, H. – Hollnsteiner, J., ed., Acta concilii Constanciensis, I-IV, Münster 1896-1928 (=ACC), III, 137-141, cité in Delaruelle, E.– Labande, E.-R. – Ourliac, P., L’Église au temps du Grand Schisme et de la crise conciliaire (1378-1449), (Histoire de l’Église depuis les origines jusqu’à nos jours, XIV), Fliche, A. – Martin, V., éd., Tournai 1962 (=Fliche, A. – Martin, V., Histoire de l’Église, XIV), 177


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