Xavier BONIFACE
La religion des tranchées
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n°247
Septembre - Décembre
2016 - Page n° 41
La guerre place le prêtre parmi les hommes de son temps et le soumet au même régime qu’eux. Comment vit-il cette expérience ? Comment s’y adapte-t-il sur les plans spirituel, apostolique et humain ? Comment est-il perçu tant par l’Église-institution, dont il se trouve éloigné, que par les combattants qui le côtoient au quotidien ?
« Les curés, sac au dos » : cette formule‑choc désignait, lors de la discussion de la loi sur la conscription adoptée le 15 juillet 1889, l’obligation faite aux futurs prêtres – ainsi qu’aux futurs rabbins et pasteurs, mais aussi aux futurs instituteurs – d’effectuer leur service militaire, alors qu’ils en étaient auparavant dispensés. Cette loi a été combattue par les évêques, avant que le clergé s’en accommode progressivement. En effet, la conscription n’a pas affecté le recrutement sacerdotal, contrairement à ce que ses détracteurs craignaient, et elle a permis à des séminaristes de s’initier à l’apostolat. Aussi, en 1914, ce sont des milliers de prêtres qui se trouvent mobilisés. Or la guerre, par sa violence, par les souffrances et les bouleversements qu’elle entraîne, est une expérience à la fois intense et éprouvante pour tous les combattants. Elle l’est sans doute davantage encore pour des prêtres qui sont par vocation « ministres de la paix » et qui mènent, conformément à l’idéal sacerdotal tridentin, une vie à l’écart de leurs contemporains dans leurs presbytères, leurs séminaires et leurs oeuvres. En outre, elle les expose à l’ « irrégularité canonique », qui pourrait les empêcher d’exercer leurs pouvoirs, car leur statut leur interdit de prendre part à « une affaire de sang ». Mais au front, le clergé découvre aussi des assistances uniquement masculines, alors qu’ils étaient plutôt habitués à une pratique religieuse surtout féminine et enfantine. La guerre place donc le prêtre parmi les hommes de son temps et le soumet au même régime qu’eux. Comment vit‑il cette expérience ? Comment s’y adapte‑t‑il sur les plans spirituel, apostolique et humain ? Comment est‑il aussi perçu à la fois par l’Église institutionnelle, dont il se trouve éloigné, et par les combattants qui le côtoient au quotidien ? Ces interrogations amènent à présenter ces prêtres aux armées, puis leur nouvel environnement d’apostolat, les préoccupations de l’Église institutionnelle à leur égard et enfin le retour des ecclésiastiques anciens combattants.
Les prêtres aux armées
La France est l’un des rares pays, avec l’Italie à mobiliser les membres du clergé, tandis que la Belgique n’appelle que les séminaristes. Quant à l’Allemagne, ce ne sont qu’une partie des élèves ecclésiastiques qui [...]
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