Vers une économie de la paix

M. Raul CARUSO
La grâce du catéchisme - n°262 Mars - Juin 2019 - Page n° 158

Après avoir clarifié les notions d’échange, intégration et de  menace qui composent les relations entre les individus, les organisations ou les États, et montré que la clé du développement économique réside dans l’équilibre entre activités productives et activités non productives, l’auteur s’emploie à réfuter l’idée fausse, pourtant répandue, que les dépenses militaires au-delà du strict nécessaire  favoriseraient le développement économique. Il expose  enfin les conditions d’une véritable politique en faveur de la  construction de la paix, notre bien commun à tous : que les démocraties et la coopération internationale se répandent dans le monde entier et que les gouvernements consentent à réduire leurs armements.

 

1. Définir l’économie de la paix : entre échange, intégration et menace

L’économie de la paix étudie les causes des conflits, infimes ou maximales, ainsi que les mesures de politique économique tendant à les atténuer ou à les faire disparaître pour identifier les projets de développement réalisables à long terme. La première étape pour comprendre la nature de l’économie de la paix est de reconnaître qu’il existe des comportements, des activités et des actions strictement économiques qui ne se trouvent pas ou n’ont pas leur origine dans ce qu’on appelle traditionnellement le marché. Selon l’interprétation classique de l’économie, les marchés et les réseaux qui les structurent sont basés sur l’existence des prix. En réalité, nous sommes conscients que de nombreuses actions humaines qui ne s’inscrivent pas dans un rapport de prix sont cependant proprement économiques, puisqu’elles utilisent de maigres ressources et induisent des résultats économiques. À partir de cette simple considération, Kenneth Boulding1, l’un des fondateurs de la science de la paix, proposait une distinction des activités, et donc des institutions humaines et sociales, selon trois critères : 1. l’échange ; 2. l’intégration ; 3. la menace. 

Dans les formes les plus simples, les relations d’échange consistent en un rapport strictement correspondant entre deux acteurs : l’un échange des biens et des services, l’autre reçoit en contrepartie de l’argent ou un autre bien équivalent. Ce sont là les relations traditionnelles du marché. Les relations d’intégration, au contraire, sont caractérisées par des versements unilatéraux de la part d’un des agents en faveur d’un autre. Ils peuvent être des actes purement gratuits, ou, selon des mécanismes de réciprocité, des versements visant à accroître leurs bienfaits dans le temps, mais de dimension incertaine. Au contraire, les systèmes de menace sont caractérisés par une promesse d’expropriation ou de rétorsion violente de la part d’un acteur vis-à-vis d’un autre au cas où celui-ci ne se soumettrait pas à un ordre impérieux du premier.

En résumé, tous les événements et toutes les institutions économiques et sociales se caractérisent par la présence et la combinaison simultanées des trois éléments, à des degrés divers. Les trois types de relations existent soit à un niveau micro soit à un niveau macro. On peut dire plus simplement que toutes les relations entre les individus, les organisations et (même) les États sont composées de menace, d’échange ou d’intégration à des niveaux différents. Pour expliquer [...]
 

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1 K. Boulding, “Towards a pure theory of threat systems”, The American Economic Review, Papers and Proceedings, vol. 53, n. 2, pp. 424-434.  


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