In memoriam : Miklos Vetö, semeur d'idées (1936-2020)


Notre Père VI, délivre-nous - n°268 Mars - Avril 2020 - Page n° 120

Dans sa vie comme par son oeuvre, Miklós Vető (1936-2020) fut un semeur d’idées. Il naquit à Budapest dans une famille juive. Dans son émouvante autobiographie, il raconte les heureuses années de sa petite enfance, puis le drame des mesures antijuives du régent Horthy s’abat sur sa famille, entraînant la dépression et le suicide de son père en 1941, puis la déportation de sa mère par les Allemands en juillet 1944 (elle mourut au camp de Salzwedel en avril 1944). Baptisé en 1941 dans l’espoir d’échapper aux persécutions, c’est le vendredi 12 février 1954, à 17 ans, qu’il connut une véritable conversion : « Je me suis rendu à la messe d’une grande chapelle à quelque 300 mètres de notre appartement et depuis ce jour-là, je ne cesse pas d’aller à l’Eucharistie ».

Étudiant en philosophie à l’Université de Szeged, il réussit à quitter la Hongrie en 1957 pour passer en Yougoslavie, puis à Paris (où il rencontra au Centre Richelieu Odile, qui devint sa femme) et à Oxford. Ce fut là qu’il passa en 1964 son premier doctorat La métaphysique religieuse de Simone Weil (publiée en français en 1971). Il obtint un deuxième doctorat à Nanterre en 1974 (sous la direction de Paul Ricoeur), avant de soutenir à Strasbourg en 1985 un doctorat d’État en théologie.

Miklós Vető enseigna après son doctorat aux États-Unis (Yale), en Côte-d'Ivoire, où il fut notamment directeur de la faculté de philosophie de l'université d'Abidjan de 1975 à 1979, puis en France (à Rennes-I de 1979 à 1992, et à Poitiers de 1992 à 2005).

Tout en continuant à s’intéresser à la pensée française (Bérulle, Fénelon), Miklos Vetö a conquis une place de spécialiste sur l’idéalisme allemand, avec plusieurs volumes importants : une de ses dernières grandes joies fut la traduction, en 2019, par Hans-Dieter Gondek, chez De Gruyter (un volume de plus de mille pages !), de son grand ouvrage De Kant à Schelling : les deux voies de l'idéalisme allemand, 2 vol., Grenoble, Éditions Jérôme Millon, 2000.

Son quatre-vingtième anniversaire a été l’occasion de nombreux honneurs et célébrations à travers le monde : l'Académie hongroise des sciences (2008), l'Académie catholique de France (2009), l'Université catholique australienne de Melbourne. En 2010, il reçut le Doctorat honoris causa de l'université catholique Péter Pázmány.

Marié à Odile en 1962, ils ont eu trois enfants, Étienne, prêtre et professeur à l’Université Grégorienne, Nicolas et Marie-Elisabeth. Au début des années 70, Miklos et Odile commencent à participer aux réunions du Renouveau Charismatique.

Son premier article dans Communio était paru dès 1984. Il avait donc rejoint la rédaction de la revue francophone il y a plus de vingt ans, participant assidu et actif. Son dévouement au service de Communio en Europe centrale fut indéfectible. Chaque fois que sa connaissance de la Hongrie et de l’Ukraine magyarophone fut sollicitée il répondit présent, se rendant disponible, prodiguant sa connaissance des réalités ecclésiales et ses qualités de traducteur et d’interprète sans limite de temps.

Son dernier article pour Communio, dans le numéro Vieillir, prend, à la lumière de cette nouvelle, tout son relief : il aura marché jusqu’au bout vers la rencontre promise.


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