Du temps perdu?

Le fait que Jésus ait connu ce qu'il est convenu d'appeler une vie cachée fait problème : pourquoi Jésus ne s'est-il pas manifesté plus tôt ? Cette question, qui rejoint des interrogations analogues dans le judaïsme et dans l'islam, oblige à se tourner vers le sens du décalage entre incarnation et révélation.

Pourquoi la vie cachée du Christ ? Pourquoi cette trentaine d’années dont les quatre Évangiles canoniques ne nous disent à peu près rien ? Sont-elles « perdues » ? L’absence de tout renseignement aiguise la curiosité. Le prurit d’en savoir plus est aisément apaisé par des tentatives pour remplir la lacune béante. On y trouve le meilleur ou le pire.

Du côté du meilleur, on mettra les essais pour reconstituer l’ambiance sociale et intellectuelle du milieu palestinien du premier siècle, voire les sources spirituelles de Jésus lui-même, la prière de Jésus enfant, comme dans un livre à succès de Robert Aron (Ainsi priait Jésus enfant). Du côté du pire, la liste est longue : on attribue au charpentier de Nazareth divers voyages plus ou moins lointains. Les Indes, voire, pourquoi pas, d’autres planètes. Bien entendu, Jésus aurait reçu là-bas des initiations à divers savoirs ou pratiques ésotériques. La destination des voyages et le contenu des initiations varient selon les goûts du narrateur, et nous en apprennent beaucoup sur celui-ci, mais rien de fiable sur Jésus.

Si l’on s’en tient à la discrétion des Évangiles canoniques, le vide de ces trente ans, sans rien pour le remplir, n’apparaît que plus étrange. Pourquoi le Christ ne s’est-il pas fait remarquer plus tôt ? [...]

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