Pour la construction d'un ordre financier.

Le développement des activités financières modernes et les dérèglements monétaires internationaux ne sauraient être tenus pour aussi inéluctables que le croient A. de Salins et F. Villeroy de Galhau dans leur ouvrage de 1994, et constituent un prélèvement indû sur la sphère réelle de l'économie, rendu possible par l'effondrement du système de Bretton Woods. Il nous faut construire un ordre financier fondé sur une véritable solidarité.

Faut-il « faire avec » ? Les chrétiens, lorsqu'ils abordent les questions financières, doivent-ils tenir pour acquis l'état du monde tel qu'il est, en faisant leur la doctrine stoïcienne qui intime à chaque individu de ne point s'occuper des choses dont il ne peut incliner le cours ? Ou bien, doivent-ils tenter de peser, par la pensée et par l'action, sur ce cours, si fort, si irrépressible soit-il ?

Le rapport que MM. Antoine de Salins et François Villeroy de Galhau ont consacré au développement des activités financières modernes témoigne de cette tension ancienne, déjà ressentie dans les grandes controverses qui ont accompagné le développement de la doctrine sociale de l'Église, depuis près de deux siècles que l'économie de marché, dans sa forme contemporaine, est née. Car, quoi qu'ait pu dire l'Église depuis deux siècles, le système économique fondé sur l'échange des biens et des services par des mécanismes de marché n'a cessé de croître et de se perfectionner, entraînant une accumulation de richesses sans précédent historique dans les nations qui avaient entamé le mouvement les premières, bouleversant les régimes économiques, politique et sociaux de quasiment tous les pays. Même la Chine qu'on a longtemps crue immuable n'a pas échappé à ce mouvement et semble aujourd'hui avoir renoncé à une voie particulière. [...]