Tolkien : du bon usage des autres mondes

Dieu peut se dire dans toutes les langues, dans tous les langages et dans tous les styles. Il n'y a pas de raison que la fiction soit exclue de cette symphonie - sans pour autant qu'elle cesse d'obéir à  ses propres lois, qui l'empêchent de verser dans la platitude de l'œuvre ? 

L'œuvre de J.R.R. Tolkien (1892-1973) le montre bien. Elle reste assez peu connue en France. Son auteur : un érudit amoureux des mots, professeur de littératures anglaise et celtique ? Oxford. Parmi ses amis, C.S. Lewis, peut-être un peu moins méconnu que lui sous nos climats. Une œuvre maîtresse : Le Seigneur des Anneaux, immense épopée romanesque en trois volumes (1951), autour de laquelle se groupent plusieurs œuvres, dont Bilbo le hobbit (1936) et The Silmarillion (1977, posthume). Traduite en plus de quinze langues, l'œuvre centrale connaît, en particulier dans les pays de langue anglaise, un succès sans équivalent, et dans tous les milieux. Une traduction la met à la portée du public de langue française (Traduction de F. Ledoux, chez Christian Bourgois, Paris, 1972-1973, puis réédité en collection de poche. On a pu voir le dessin animé, d'ailleurs assez confus, qui a été tiré de la première moitié de l'œuvre.).

Tolkien était un catholique convaincu et fervent. Et il a dit que son œuvre répondait ? un souci théologique (Cf. H. Carpenter, Tolkien : a biography, Ballantine Books, New-York, 1978 (originellement : Allen and Unwin, Londres, 1977), 102 s.). Or, si cette préoccupation est manifeste dans The Silmarillion, sorte de saga cosmogonique qui mentionne un Créateur et des anges, le monde dans lequel se déroule l’œuvre principale semble vide de Dieu, qui n'y est ni prié, ni même nommé. Comment comprendre ce paradoxe ? R.B. [...]

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