Vie consacrée : de quelques difficultés actuelles

Des communautés nombreuses où habitent des générations diverses et traversées de toutes les fragilités actuelles amènent à poser autrement la relation entre monastères et monde extérieur. C'est de la gratuité radicale que peut surgir la fécondité contemplative.

Si les communautés nouvelles éprouvent souvent aujourd’hui la rançon d’une poussée trop rapide et de fondements trop fragiles, les Ordres et les monastères de longue histoire ont aussi leurs difficultés spécifiques et participent à la condition de l’Église actuelle (en Occident) qui est à tous égards (et providentiellement) une condition de pauvreté.

Les communautés sont moins nombreuses, quoi que l’on puisse raconter sur une sorte d’immunité des communautés contemplatives face à la crise des vocations. Les entrées s’espacent dans le temps. De ce fait nous habitons souvent des bâtiments visibles et des structures institutionnelles qui étaient adaptés à une période de prospérité humaine sans doute, mais qui ne le sont plus. D’où la nécessité d’un réajustement à l’échelle véritable ; exigence qui touche des éléments
importants et quotidiens de notre vie : l’office divin, la « liturgie » des repas, la formation, le travail lucratif. Il s’agit de garder l’essentiel – qui est l’Évangile dans la Règle – en le traduisant, en le transposant autrement que par le passé. C’est en particulier le rôle de l’Abbé de concevoir et de promouvoir, à la mesure de sa communauté propre, cette sorte de « déménagement à l’intérieur » de la maison : cela ressortit à ce charisme prudentiel que saint Benoît ne cesse de rappeler dans sa Règle. [...]