L’apport de Thérèse de Lisieux à la réflexion sur le mystère de la compassion divine

La vision christologique de Thérèse de Lisieux est marquée d'une note kénotique qui apparaît dans sa compréhension de l'amour divin qui, par pure gratuité, s'abaisse vers l'homme au point de mendier son adhésion... L'intuition de Thérèse lui permet d'approcher le mystère de la miséricorde et de la compassion divine, espérant, après sa mort, « participer à la miséricorde infinie du Seigneur ». Un choix des grands textes de Thérèse guide la réflexion et la méditation sur les abîmes mystérieux du « Dieu mendiant ».

Commandée par l’incarnation et la crucifixion du «Verbe Divin » – l’Enfant-Jésus et la Sainte-Face –, la vision christologique de Thérèse de Lisieux est marquée d’une note kénotique évidente. Nous le relevons, d’une part, dans sa manière de comprendre l’agapê divine qui, par libre surabondance, tend vers l’homme jusqu’à « s’abaisser » vers lui et « mendier » son adhésion de foi. Nous la reconnaissons, d’autre part, dans la saisie de la sensibilité de Dieu, son affectivité, son aptitude réactive face au comportement de l’homme. Essayons de préciser ce trait typique de la pensée thérésienne, qui n’est pas sans être en affinité avec certains débats théologiques contemporains. Commençons par examiner la logique de l’amour caractérisée essentiellement, selon Thérèse, par une libre inclination : « s’abaisser » vers l’aimé.

« Le propre de l’amour étant de s’abaisser...»

Aux premières pages du manuscrit adressé à Mère Agnès, Thérèse use d’une formule devenue célèbre, à forte résonance kénotique : « le propre de l’amour étant de s’abaisser » (A, 2 v) 1. Par elle, Thérèse précise la modalité de l’action divine au sein de la création. [...]