Ni maîtresse ni servante : L'Eglise et l'Europe en voie d'union

Le christianisme peut aider l'Europe en voie d'union politique en l'empêchant de se refermer sur ses habitants, en lui rappelant qu'elle n'est pas sa propre fin et en lui opposant des limitations, voire des forces de résistance le cas échéant.

Depuis le 1er mai 2004, pour la première fois depuis qu'existe la Communio, presque toutes les éditions européennes (sauf l'ukrainienne) se trouvent dans un seul et même espace politique et juridique, celui de l'Europe en voie d'union. Chacune se voit donc davantage confrontée à des enjeux et à des difficultés qui sont les mêmes que pour ses voisines. Je ne parlerai pas dans cet article de deux sujets qui ont récemment donné lieu à de vives polémiques : le projet de constitution européenne avec le refus d'y faire figurer la mention de l'héritage chrétien, l'interrogation sur l'éventuelle entrée de la Turquie dans l'Europe. Le plus important est au-delà et est directement une question de théologie et de politique : comment le christianisme, et spécifiquement l'Église catholique, peut-il avoir une dimension politique dans l'État européen en train de se constituer? Même plus précisément, comment peut-il lui permettre de remplir sa fin sans devenir une totalité destructrice ? Pour répondre, je m'inspirerai de diverses remarques puisées dans plusieurs textes du cardinal Ratzinger. Le christianisme peut aider l'Europe, en l'empêchant de se refermer sur ses habitants, en lui rappelant qu'elle n'est pas sa propre fin et en lui opposant des limitations, voire des forces de résistance. [...]