Claudel bibliste

Durant les vingt dernières années de sa vie, Claudel, le poète qui ''aimait la Bible'', s'est ''agenouillé à l'Ecriture Sainte...., avec un entrain, une alacrité, une allégresse qui ont constamment accru son bonheur et régénéré son écriture.''

Deux forts volumes, qui achèvent le tour du monde de Paul Claudel, enrichissent les vitrines de Gallimard : Le poète et la Bible. Claudel tenait beaucoup au tréma de poète, en raison de l’étymologie, et l’excellent éditeur Michel Malicet s’est conformé à son caprice. L’éditeur, pour sa part, a abattu un travail considérable, de saisie, de vérification, d’annotation, d’interprétation. Dans la ligne de son ami Jacques Petit, trop tôt décédé, il a poursuivi un travail éditorial exemplaire qui attache à jamais son nom à la nef impérissable du poète de Brangues. Il a été aidé un peu par moi-même et surtout par Dominique Millet, dont l’érudition claudélienne est hors de pair. La labeur du trio, achevé en 2002, a été quelque peu ralenti par l’imposant travail d’impression. Mais la vaste banquise sous-jacente à l’iceberg émergé est désormais accessible. Quelle que soit l’impartialité des éditeurs, il sera bon de tempérer la préface de Michel Malicet par la postface de Dominique Millet. Celle-ci rétablit la teneur farouchement catholique orthodoxe des commentaires, alors que Malicet est enclin à y psychanalyser des « divagations », des « rêveries » qui risquent de déplacer la piété du croyant vers les élucubrations du génie. Toutefois Claudel n’est pas l’apanage des lecteurs croyants ni des milieux littéraires. Mais un dernier bonheur d’intelligence est réservé aux seuls fidèles catholiques, et ce n’est pas là diminuer l’immense écrivain. [...]

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