R. P. Guy BEDOUELLE
Descendu aux enfers
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n°33
Janvier - Février
1981 - Page n° 82
Au seuil de l'année qui verra le Congrès eucharistique, rien de plus opportun que de méditer et approfondir la prière par excellence de l'Église.
Du 16 au 23 juillet 1981 se tiendra à Lourdes un Congrès eucharistique international. La venue du Pape Jean-Paul II lui donnera un éclat tout spécial, marquant le centenaire de cette institution. En effet, au lendemain d'une tragique guerre civile qui déchira la France, dont l'occasion fut la victoire de la Prusse sur le Second Empire et le symbole, la Commune de Paris, les catholiques, d'ailleurs souvent raidis dans l'opposition, entendirent « réparer » les torts faits à la religion et à l'Église, car ils voyaient là l'origine des malheurs de leur patrie. En 1873, la France fut consacrée au Sacré Coeur. Dans le même esprit, à Tours, une laïque, Émilie Tamisier (1834-1910), dirigée par le P. Eymard puis par le P. Chevrier, fondateur du Prado, lança l'idée d'un mouvement eucharistique qui démontrerait son existence par des rassemblements extérieurs. Encouragée par Mgr de Ségur et par Mgr Mermillod, évêque de Lausanne et Genève, Emilie Tamisier, « mendiante du Saint-Sacrement », selon l'expression du P. Chevrier, voulut mettre l'Eucharistie au centre de la nation qui avait chassé, disait-on, Jésus-Christ des écoles et des places publiques. Mais plus encore, selon ses propres mots, elle souhaitait assurer «le salut social par l'Eucharistie ».
Telle fut l'origine du premier Congrès eucharistique international qui se déroula à Lille à la fin de 1881 avec plus de trois cents participants. Les réunions suivantes se firent dans des lieux de pèlerinages eucharistiques, par exemple en 1883 à Liège, ville réputée pour avoir été le lieu de naissance de la solennité de la Fête-Dieu au XII le siècle.
Une histoire des Congrès eucharistiques vient d'être écrite fort à propos par deux moines de Solesmes (1). Dans le récit des origines,' on y rencontre tout ce qui compte dans la seconde moitié du XIXe siècle du point de vue de la vitalité religieuse en France et ailleurs. De Congrès en Congrès, le mouvement acquiert
(1) Dom G. Oury et Dom B. Andry, Les Congrès eucharistiques : Lille 1881 - Lourdes 1981, Solesmes, 1980, 252 p.
sa dimension populaire, à Fribourg en 1885, à Anvers en 1890, pour atteindre un sommet à Montréal en 1910. En 1893, à Jérusalem, il y a la contribution des liturgies orientales, et les Églises orthodoxes qui, vingt ans auparavant, ne s'étaient pas rendues au Concile Vatican I, envoient des représentants. L'aspect vraiment universel est acquis après la première guerre mondiale avec le choix de Chicago en 1926 et de Sidney en 1929.
La seconde partie de ce livre bien fait présente différents documents pontificaux écrits à l'occasion de Congrès eucharistiques nationaux et internationaux. On peut y lire clairement la relation avec les grands moments de la conscience ecclésiale pendant un siècle. On y voit l'origine de la communion des jeunes enfants, si chère à Pie X, qui la recommanda en 1910. La doctrine du Christ-Roi y est progressivement développée au Congrès national de Venise en 1897, puis à Lourdes en 1914, avant l'institution de la fête par Pie XI en 1925. Pie XII met l'accent sur le rôle central de la messe. Il y a aussi en filigrane le poids des événements : l'ombre du fascisme à Rome en 1922, l'interdiction faite aux catholiques par Hitler d'assister au Congrès de Budapest en 1938.
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Guy BEDOUELLE, o.p.
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