Actions de grâces

Il serait aujourd'hui prématuré de comprendre dans son intégralité le pontificat qui vient de s'achever, il est encore bon de méditer de quelle façon, dans son agonie et dans sa mort, Jean-Paul II est resté jusqu'au bout de sa vie configuré au Christ.

A la mort de Jean-Paul II, tant a été dit, écrit et montré – et parfois fort bien – qu'il est bon, voire providentiel de prendre la parole tard, au risque de paraître parfois en retard, et reprendre ce qui n'a pas été assez dit. En notant quelques lumières que cette agonie et cette mort donnent sur la personne de Karol Wojtyla et le sens de sa mission, je voudrais seulement ici inviter à une plus profonde méditation d'une oeuvre immense. « Ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi »

Grand, Dieu seul l'est absolument. Il est même immense, infini, d'une illimitation ineffable. Grand, l'homme l'est en pleine vérité s'il est configuré au Christ. C'est de cette grandeur-là qu'il est question quand nous l'attribuons à une figure comme celle du défunt pape Jean-Paul II. Grand, il le fut, non en raison des records d'un mécanique décompte qui ramènerait son pontificat à une compétition où il a de fait éclipsé tous les autres dirigeants de la planète, mais essentiellement, parce que dans l'unité intime de son être personnel, Karol Wojtyla s'est laissé, jusqu'à son dernier souffle et à l'agonie de l'athlète épuisé, saisir par le Christ. Il se trouvait qu'appelé à être le pape Jean-Paul II, il mourut en pape, mais n'eût-il pas réalisé tout ce qu'il lui a été donné de faire et qui a tant frappé les esprits, n'eût-il accompli qu'une bien petite part de l'oeuvre qui s'attache à un pontificat décisif, cette vraie grandeur-là demeurerait. [...]