La pureté du cœur, difficilement appréhendée en concepts, est décrite par les règles monastiques comme un idéal programmé, par les Pères du désert comme un idéal enseigné, et par les saints comme un idéal vécu. Tous la dépeignent comme un regard, un œil largement ouvert sur la lumière divine, mais aussi comme un feu qui embrase. Sous ce langage imagé, on reconnaît une traduction joyeuse et intériorisée de la charité.

La béatitude des coeurs purs proclamée par le Christ en Matthieu 5,8 est au centre de la vocation chrétienne. Elle doit donc se trouver dans la vie religieuse qui se présente comme une recherche explicite et même comme une profession d'accomplir cette vocation. Mais elle se fera voir ultimement en toute figure de sainteté dans l'Église.

Mais de même que la lumière ne peut être décrite que par ce qu'elle illumine, sauf à rentrer dans des définitions fort techniques et abordables seulement par ceux qui savent déjà ce qu'elle est, ainsi la pureté du coeur n'est pas un concept abstrait ou logique mais se révèle à travers les divines et surprenantes expériences dont l'histoire de la spiritualité peut attester la richesse. Ce sont donc les propos de vie consacrée reconnus dans l'Église, mais aussi les vies proposées par elle à l'imitation des croyants, qui pourront le mieux nous apprendre ce que veut dire : Bienheureux les coeurs purs !

Les Règles : l'idéal programmé

Que sont les règles monastiques sinon un idéal programmé ? Les Béatitudes devraient y avoir une large place. Il peut donc sembler étonnant que les règles monastiques les plus vénérables n'accordent pas à la citation de Matthieu 5,8 la place royale qu'on attendrait. On doit même dire qu'on ne la trouve pratiquement jamais, mais ce n'est pas un paradoxe que d'affirmer qu'elle y est omniprésente. [...]

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