Faut-il mesurer l'avenir de l'Eglise selon le temps du monde ? Celui-ci ne cherche-t-il pas à s'approprier le temps de l'Eglise ? Pour que celle-ci exerce en vérité sa mission dans le monde, il lui faut distinguer le sécularisme, visant à réduire le mystère de l'homme et de Dieu, de la sécularité, autonomie des créatures et de l'histoire, procurée par leur achèvement dans le Christ.

I. La problématique

L'Église est-elle dépassée ? Comprend-elle les hommes et les femmes de ce temps ? Est-elle capable de s'adapter à la culture moderne ou, au contraire, fuit-elle la modernité ? De telles questions donnent leur portée et leur couleur à d'autres questions moins générales : l'Église n'a-t-elle pas perdu la classe ouvrière ? N'a-t-elle pas manqué le rendez-vous avec la Chine au XVIIe siècle ? avec la pensée moderne au XVIIIe ou au XIXe siècle ? Comprend-elle la sexualité humaine ? De telles questions supposent : 1) la conscience d'un temps orienté, 2) la détermination d'un type de référence par rapport auquel l'action de l'Église est appréciée et 3) une mauvaise conscience qui a deux objets principaux : l'Église est-elle encore capable d'une action adaptée de quelque ampleur (on voit bien qu'il y a des réussites ponctuelles) ? N'est-elle pas devenue un phénomène archéologique ?

Expliquons ces trois présupposés. La conscience d'un temps orienté, allant vers l'avant, n'est pas celle d'un monde païen : la perception de la succession y reste dominée par l'intemporalité de l'ordre cosmique de telle sorte qu'on peut absolutiser soit le devenir (Héraclite) soit l'intemporel (bouddhisme). De plus, la question : l'Église a-t-elle un avenir ? ne suppose pas un simple vieillissement de l'Église mais sa conduite : l'Église pourrait disparaître. Pareille question n'a toute sa portée que si Dieu est entré dans l'histoire en personne. Alors il existe une plénitude, si Dieu lui-même est entré dans le temps : une plénitude des temps, promise et attendue (AT), puis donnée et espérée (NT). [...]

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