Les flottements politiques du catholicisme moderne

Avant l'équilibre du Concile Vatican II et de la Déclaration sur la liberté religieuse, certaines oscillations paradoxales ont frappé le catholicisme français. L'une a pu conduire aussi bien à la compromission avec des idéologies explicitement athées ; l'autre, par angoisse de la déchristianisation, a poussé à une identification de la théologie et de la politique étrangère au christianisme ; la dernière, enfin, sacrifie tantôt la liberté à la vérité, tantôt la vérité à la liberté.

Depuis la Révolution française, les positions politiques des catholiques ont connu des variations d’une amplitude singulière. Au souci libéral de maintenir séparés l’Église et l’État, certains catholiques ont opposé des théologies politiques d’un anti-libéralisme si viscéral qu’il se retournait contre certains des traits les plus constants du christianisme. L’ancre de la Tradition ayant été abandonnée, les idées et les engagements ont pris des tournures inévitablement exotiques. Oscillant de l’extrême droite à l’extrême gauche, beaucoup ont eu peine à se fixer.

Je voudrais ici examiner les raisons de ces oscillations, en m’attardant tout particulièrement sur trois d’entre elles. D’une part, j’entends montrer que les chrétiens ont été tentés de séparer religion et politique jusqu’à se reconnaître dans des idéologies explicitement athées. D’autre part, j’entends montrer qu’en sens contraire, l’angoisse de la déchristianisation a précipité une identification de la théologie et de la politique essentiellement étrangère au christianisme. Enfin, je me propose de rapporter ces positions contradictoires au problème de la relation entre liberté et vérité. Je voudrais suggérer que c’est tantôt le sacrifice de la liberté à la vérité, tantôt celui de la vérité à la liberté qui expliquent en dernière analyse ces oscillations politiques. À cet égard, le Concile Vatican II constitue la réponse de l’Église à ces oscillations. En clarifiant et en redéfinissant les rapports de la vérité et de la liberté, les auteurs de la Déclaration sur la liberté religieuse ont entendu mettre un point final à ces mésaventures idéologiques. [...]

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