L’attention à soi-même chez Basile de Césarée

Arnaud PERROT
L'examen de conscience - n°241 Septembre - Octobre 2015 - Page n° 27

« Sois attentif à toi-même » : l’homélie consacrée par Basile de Césarée à cette phrase du Deutéronome permet de comprendre le dialogue qui se construit entre les exercices spirituels de la philosophie antique et la vie chrétienne. La traduction et le commentaire de cette homélie présentés ici permettent d’esquisser les principaux traits d’une compréhension chrétienne de soi.

 

L’on doit à P. Hadot (1922-2010)1 d’avoir sur appeler, a vec d’autres, c omme P. R abbow2, A.-J. Voelke3, ou encore H. G. Ingenkamp4, que la philosophie, dès Platon et le dialogue platonicien, mais, de façon plus nette encore à l’époque hellénistique et romaine, n’avait pas pour seule fin l’élaboration d’un corps de doctrines, la maîtrise de celui-ci, ou l’exégèse des textes de référence. Dans les différentes écoles recensées, la philosophie était proposée comme une manière de vivre, ratifiée et nourrie par la pratique d’exercices spirituels, dont la remémoration des « dogmes », l’échange dialectique, et la lecture étaient des composantes importantes, mais non les seules. On rencontre, dans les listes d’exercices conservées, des notions essentielles comme « l’attention à soi-même » (prosochè) et « l’examen de conscience5 », qui ont été assumés, par la suite, dans un christianisme de culture grecque. Avec P. Hadot, nous devons effectivement considérer que ces « pratiques de soi » sont des postes d’observation privilégiés à travers lesquels peuvent être envisagées les riches relations entre le christianisme antique et la philosophie profane. P. Hadot a cependant continué de s’inscrire dans une perspective qui, dès la fin du xixe siècle, était choisie par l’historien et théologien protestant A. Harnack, mettant en cause et critiquant « l’hellénisation du christianisme ». En plusieurs endroits, P. Hadot s’est interrogé, en effet, sur la stratégie des auteurs ecclésiastiques consistant à présenter la religion chrétienne comme une philosophie, voire comme la « vraie philosophie » ; dans cette opération, ils auraient provoqué comme une introduction un peu frauduleuse des exercices spirituels dans le christianisme, auxquels ils étaient étrangers à l'origine [...]

 

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1 En particulier dans son maître-ouvrage Exercices spirituels et philosophie antique, publié pour la première fois en 1981, mais revu et augmenté à trois reprises (1987, 1993, 2002). 

2 P. Rabbow, Seelenführung. Methodik der Exerzitien in der Antike, Munich, 1954.

3 A.-J. Voelke, La philosophie comme thérapie de l’âme, Paris, 1993 (préfacé par P. Hadot).

4 H. G. Ingenkamp, Plutarchs Schriften über die Heilung der Seele, Göttingen, 1971. 

5 Voir, par exemple, C. Matha, « Un précepte de Pythagore : l’examen de conscience chez les Anciens », Revue des deux mondes, 9, 1875, p. 377-397. Voir Sénèque, De ira, III, 36, 3-4 ; Porphyre, Vie de Pythagore, 40 ; Hiéroclès, Commentaire aux Vers dorés, 19.


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