Un essai de mise en musique du Pater

Nous proposons un essai inédit de mise en musique du Pater par un compositeur et théologien portugais, Alfredo Teixeira, intitulé Oratio dominica. Écrite pour soprano solo et choeur (SATB, div.), l’oeuvre n’est pas destinée à un usage liturgique, mais elle veut témoigner de la force d’un texte, qui a inspiré d’autres compositeurs : Duruflé et Arvo Pärt, comme le rappelle Thierry Escaich dans l’entretien qui précède. Mais aussi Leonard Bernstein (1918-1990), dans Mass (The Lord’s Prayer), écrit en 1971 pour l’inauguration du Kennedy Center de Washington, D.C., ou Sir John Tavener (1944-2013), un compositeur britannique, converti à l’Église orthodoxe russe, qui a écrit une double version du Notre Père, en anglais et en slavon (1986). La pièce commence par un cri du choeur : « Pater », suivi de l’invitation « Oremus », elle s’achève sur une partie de l’embolisme (« Libera nos, quaesumus, Domine… ») chantée par la soprano, tandis que le choeur murmure « Pater ». Le dialogue entre la soprano et le choeur reflète celui de l’assemblée et du prêtre, et bien des éléments musicaux rappellent la tradition liturgique latine : le bourdon, le récitatif, le gymel¹, les textures polyphoniques ou homophoniques hymniques. Cette transcription musicale du Pater essaie de retrouver ce qui est la grande originalité de cette prière : le cri des enfants vers le Père, la prière communautaire, les premières demandes tournées vers Dieu, et les quatre suivantes concernant les hommes, l’intimité de la prière enfin, confiante et apaisée. [...]

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1 Écriture qui a introduit, au XII^e siècle, des tierces et des sixtes dans la tradition polyphonique.