Jeune épouse et prostituée – La ville dans l’Apocalypse de saint Jean

Christoph SCHAEFER
La grande ville - n°246 Juillet - Aout 2016 - Page n° 27

La ville n'es pas thématisée dans les Évangiles, le Christ lui‑même l'évoque très peu. En revanche, elle prend toute son importance dans l'Apocalypse de saint Jean, où sont mises face à face «  Babylone la prostituée  » et la «  Jérusalem céleste ». L'analyse du rapport entre les deux montre toutes les  implications théologiques que contient la description de l'une, de l'autre et du rapport entre les deux.

 

Le christianisme des origines est caractérisé par une tension qui saute aux yeux : Jésus, originaire de la petite bourgade de Nazareth, se fait connaître avant tout dans les villages au bord du lac de Genezareth, alors qu’il évite les villes de Galilée. Au contraire, les premières communautés de chrétiens se constituent dans les villes, comme nous le relatent explicitement les Actes des Apôtres. Ainsi n’attachera‑t‑on jamais trop de prix au contexte socio‑culturel des villes antiques dans l’Empire romain pour étudier la « période des fondateurs » du christianisme. Ce contexte a une signification très importante pour la compréhension des textes du Nouveau Testament. La contribution suivante voudrait en suivre la trace au cours de différentes étapes : nous voudrions tout d’abord esquisser brièvement quelle place on attache vraiment au discours sur la « ville » dans le Nouveau Testament, avant d’analyser de manière plus détaillée un texte consacré à la ville de manière toute particulière : l’Apocalypse de saint Jean. Avec la mise en contraste de deux villes, « Babylone la Prostituée » et « Jérusalem la jeune épouse », ce texte ne nous présente pas seulement le panorama de deux villes, impossible à confondre avec un autre, mais il possède aussi une place très particulière dans l’Écriture en tant que dernière pierre apportée au canon biblique, d’où sortiront aussi de nouveaux contextes de sens.

1. Les faubourgs dans le Nouveau Testament

Celui qui, dans son parcours à travers les villes du Nouveau Testament, se laisse déjà simplement guider par les données statistiques des mots utilisés peut rapidement rassembler quelques remarques intéressantes. Le mot grec « Polis » est en général unanimement employé quand on veut décrire une ville quelle qu’elle soit, sans qu’y jouent pour autant un rôle particulier les caractéristiques sociales et politiques des villes‑États de la Grèce ancienne, (poleis) auxquelles se réfère notre conception de la politique.

Dans les Évangiles, tout comme dans les Actes des Apôtres ou les Épîtres catholiques, la ville est considérée comme une réalité plus ou moins évidente, mais nulle part soumise à une véritable réflexion. Cependant, les Évangiles contiennent des différences caractéristiques à [...]

 

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