Le peuple fidèle comme "lieu théologique" chez Jorge Mario Bergoglio

La théologie populaire prend sa source dans la foi du « peuple fidèle » : l’enseignement doctrinal du pape François tire parti de la richesse de la religion populaire latino-américaine.

Le pape François, on le sait, a souvent été critiqué pour son fréquent recours à la catégorie de peuple. Les milieux conservateurs, catholiques et non catholiques, l’accusent d’être un « populiste », un « péroniste argentin », un adhérent de la théologie de la libération. Ces attaques sont totalement injustifiées et reposent sur une incompréhension profonde de la pensée du pape. Le pape d’ailleurs y répond par son encyclique Fratelli tutti et son opposition au « populisme malsain¹ ».

Au cours des dernières années, le terme « populisme » ou « populiste » a envahi les médias et le langage en général. Il perd ainsi la valeur qu’il pourrait avoir et devient l’une des polarités de la société divisée, à telle enseigne qu’on prétend classer toutes les personnes, les groupes, les sociétés et les gouvernements à partir d’une division binaire : « populiste » ou « non populiste ». Il n’est plus possible qu’une personne exprime son opinion sur un thème sans qu’on essaie de la classer dans l’un des deux camps, parfois pour la discréditer injustement ou pour l’exalter à l’excès [...]. Les groupes populistes fermés défigurent le terme « peuple », puisqu’en réalité ce dont il parle n’est pas le vrai peuple. En effet, la catégorie de « peuple » est ouverte. Un peuple vivant, dynamique et ayant un avenir est ouvert de façon permanente à de nouvelles synthèses intégrant celui qui est différent. Il ne le fait pas en se reniant luimême mais en étant disposé au changement, à la remise en question, au développement, à l’enrichissement par d’autres ; et ainsi, il peut évoluer².

L’équivoque engendrée par l’idéologie populiste risque de rendre inutilisable la catégorie même de peuple: [...]
 

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1 Pape François, Fratelli tutti (désormais FT), n. 159. Dans Un temps pour changer (entretien avec Austen Ivereigh, tr. fr. Flammarion, 2020), le pape revient plusieurs fois sur la distinction entre populisme et popularisme.

2 FT n. 156 et 160.