Jean Daniélou, christianisme et religions-Le sens théologique du problème historique des religions

Jean Daniélou, christianisme et religions

Le sens théologique du problème historique des religions

Cinquante ans après la mort du Cardinal Daniélou, il peut être utile de revisiter son apport théologique dans différents domaines. L’un d’entre eux concerne sa réflexion sur les religions dans le projet salvifique de Dieu. Il reconnaissait lui-même, dès les années 1950, que ce thème était quelque peu absent de la théologie ¹. Ce qui prévalait alors dans les contextes ecclésiaux était un état de prudence face au risque du modernisme. Les condamnations portées par le Syllabus (1864) sur les thèses qui considéraient « qu’on pouvait espérer le salut de ceux qui n’appartenaient pas au troupeau du Christ » se faisaient encore sentir. Pie XI, en 1928, exprime sa méfiance à l’égard des réunions où sont invités « à leurs discussions, tous les hommes indistinctement », y compris « les infidèles de tout genre ». Ces tentatives étaient répréhensibles aux yeux du pontife précisément parce qu’elles se fondaient sur l’idée que toutes les religions étaient bonnes et servaient de voies de salut parce qu’elles « manifestent et signifient le sentiment naturel et inné qui nous porte vers Dieu et nous pousse à reconnaître avec respect sa puissance ² ».

C’est à partir de là que la réflexion de Daniélou, commencée presque trente ans avant Vatican II, a eu un fort impact dans l’Église. La Commission théologique internationale, en 1997, parle précisément d’un courant de pensée, la « théorie de l’accomplissement », « représentée par Jean Daniélou, Henri de Lubac et d’autres » :

[...] les religions ont leur fondement dans l’alliance avec Noé, une alliance cosmique qui comporte la révélation de Dieu dans la nature et dans la conscience, et qui est différente de l’alliance avec Abraham. En tant que les religions conservent les contenus de cette alliance cosmique, elles contiennent des valeurs positives mais elles n’ont pas de valeur salvifique en tant que telles. Elles sont des « pierres d’attente » mais également des « pierres d’achoppement » à...

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 1 J. DANIÉLOU, Dieu et nous, Grasset, Paris 1956, p. 13-14.

 2 PIE XI, Mortalium animos, AAS, XX, 10 janvier 1928, 5-16.