Mgr Jean-Pierre BATUT
La condition baptismale
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n°297
Janvier - Février
2025 - Page n° 11
Le baptême
au commencement
Comment parler de la condition baptismale par laquelle Communio inaugure la présente série sur les sacrements ? Peut-être en recourant à la distinction développée par Paul Beauchamp entre commencement et origine. Énoncer l’origine, ce n’est pas renoncer au temps, mais c’est dire autre chose que le temps : l’origine, écrit Beauchamp, est « le présent qui relève de sa chute le temps », et qui le fait par pure grâce, car « rien ne cause l’origine 1 »
Dans l’être chrétien, le baptême est sans conteste du côté de l’origine. Selon l’Épître aux Hébreux, « le Sanctificateur [le Christ] et les sanctifiés ont tous même origine, aussi ne rougit-il pas de les appeler frères » (2, 11). La traduction liturgique a introduit en force « origine » pour rendre l’énigmatique « ex henos pantes », littéralement « tous issus d’un seul ». Depuis que le Fils, dans son agir pascal, a suscité au Père « beaucoup de fils » (Hébreux 2, 10) désormais nés de Lui (Jean 1, 13), il peut sans honte les appeler ses frères. Cette appellation n’est pas controuvée, le mot « frères » est utilisé en rigueur de termes : nous avons vraiment même origine que lui. Non pas en vertu de la nature – nul n’est enfant de Dieu par nature – mais en vertu des « souffrances » de « l’Initiateur (archègos) de [notre] salut » (2, 10) : le contexte est formel. Le baptême qui donne origine, s’origine donc lui-même dans le Mystère pascal du Christ et inaugure une condition nouvelle – la condition baptismale. Nous suggérons ici de prendre le mot « condition » en un sens analogue à celui de « mode d’existence » que lui donne l’hymne aux Philippiens : « Jésus, de condition divine, ne retint pas comme une proie son égalité avec Dieu ; mais il se vida de lui même, prenant condition d’esclave » (Philippiens 2, 6-7). La condition baptismale ne concerne pas que les humains ; sa dynamique rejoint une attente qui soulève tout l’univers. Rien d’étonnant à cela : si le Créateur est en même temps le Père (« je crois en Dieu le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre ») il ne sait créer que de manière paternelle, de sorte que tout ce qui est issu de l’acte créateur soupire ensemble vers son accomplissement filial. C’est sans doute en ce sens que l’Épître aux Romains soutient que « la création tout entière gémit jusqu’à ce jour en travail d’enfantement ; et non pas elle seule, car nousmêmes, qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement dans l’attente de la filialisation (huiothesia), la rédemption de notre corps » (8, 22-23). Ce texte suscite deux étonnements au moins.
Le premier tient au fait que l’attente de la création n’y est pas considérée à partir de nous mais que c’est nous, au contraire, qui prenons place à
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