Baptême et déification

Baptême et déification

Au cours des premiers siècles, les Pères ont établi une distinction entre la theologia et l’oikonomia, entre la connaissance de Dieu en lui-même − les personnes de la Trinité et les attributs éternels de sa nature unique − et la connaissance des relations de Dieu avec l’humanité dans la « maison (oikos) » de sa création : à la fois le don de l’existence à un ordre créé à partir de rien et son gouvernement par la providence de Dieu, et l’Incarnation dans laquelle Dieu a manifesté son amour pour le monde en envoyant son Fils unique pour apporter à l’humanité, qui périssait dans la mort et la corruption, le don de la vie éternelle (voir en particulier Jean 3, 16).

L’économie divine : deux trajectoires

Si nous cherchons, en suivant l’exemple des Pères, à explorer l’économie divine, nous découvrons qu’il semble y avoir plusieurs trajectoires à travers l’oikonomia de Dieu, de sorte que l’on pourrait, à la suite de Boulgakov, distinguer deux arcs qui s’étendent au-dessus de l’ordre créé. Il y a le grand arc qui va de la création à la déification et le petit arc qui s’étend de la chute à la rédemption¹. Je mentionne ces différentes façons de se frayer un chemin dans l’économie de la miséricorde de Dieu parce que, me semble-t-il, elles sont mises en avant lorsque nous essayons de considérer la relation entre le baptême et la déification. À première vue, le baptême semble appartenir à l’arc inférieur, qui va de la chute à la rédemption, tandis que la déification semble être le point final, le point culminant, de l’arc supérieur, qui commence avec la création. Mais ils sont également clairement liés, la déification étant considérée comme le but ou le fruit de notre baptême en Christ.

Il existe d’autres différences, entraînées ou suggérées par le parcours d’un arc ou de l’autre. Le plus grand arc est directement lié à la nature même de l’économie de Dieu : la création est considérée comme l’œuvre de Dieu, qui mène à l’existence tout le cosmos à partir de rien, et le conduit à l’être, de manière qu’il puisse revenir à l’union avec Dieu. Cela ...

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 1 Je ne suis pas sûr que cette notion des deux arcs de l’économie soit expli- cite chez Boulgakov, mais je suis sûr qu’elle m’est venue en lisant Boulgakov, et je voudrais signaler deux endroits où la notion des deux arcs me semble présupposée : Unfading Light, tr. T. Allan Smith (Grand Rapids, Michigan, 2012), 315-59 ; et The Lamb of God, tr. Boris Jakim (Grand Rapids, Michigan, 2008), 157-211, et passim.