Baptême et vie mystique dans la vie en Christ de Nicolas Cabasilas

Un auteur mystique byzantin

Nicolas Cabasilas est considéré comme « un des plus grands auteurs mystiques byzantins ¹ ». Sa spiritualité est ancrée dans les mystères (c’està-dire les sacrements) et particulièrement le baptême. Nous nous fonderons ici principalement sur l’un de ses écrits les plus aboutis, La Vie en Christ ².

Né vers 1322 à Thessalonique, Nicolas termine sa vie (vers 1398 ?) dans un monastère à Constantinople, sans jamais être devenu moine. C’est la thèse que soutiennent les spécialistes de l’auteur. Cet homme cultivé, qui participe à la vie politique et sociale de son époque, est un « sage menant une vie chaste », la vie de ce qu’on pourrait appeler un « hésychaste laïc ³ », sans qu’il soit besoin de postuler monachisme ou sacerdoce pour rendre compte de cette vie « chaste et sage ». Contemporain de Grégoire Palamas, il fait partie de ces laïcs qui vivaient dans le monde une spiritualité proche de celle des moines du Mont Athos à cette époque. On peut voir dans certaines pages de Cabasilas « un véritable plaidoyer en faveur de l’hésychasme dans le monde ⁴ ». Cabasilas y critique l’hypocrisie des moines qui ont « gagné les montagnes et fui comme la peste le tumulte et la vie commune » et, n’ayant pas atteint l’humilité et la prière parfaite, « sont tombés dans les pires excès ⁵ ». Dans chaque profession ou état de vie, un chrétien peut pratiquer la méditation et prier en tous lieux ⁶. C’est en effet la grâce du baptême et des sacrements qui fait vivre la vie en Christ, non l’isolement des déserts ou des montagnes. Ce qui nous permet de saisir un aspect particulier de l’enseignement de Cabasilas : la prière hésychaste, la spiritualité philocalique ⁷ ne relativise pas la pratique ...

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 1 G. HORN, « La vie dans le Christ de Nicolas Cabasilas », Revue d’Ascétique et Mystique 3 (1922), p. 22

 2 Nicolas CABASILAS, La vie en Christ, éd. M.-H. Congourdeau, Sources Chrétiennes 355 (Livres I-IV), Paris 1989, et 361 (Livres V-VII), Paris 1990.

 3 M. H. CONGOURDEAU, « Introduction », Nicolas CABASILAS, La Vie en Christ, Livre I-V, Sources Chrétiennes 355, Paris 1989, p. 22.

 4 M. H. CONGOURDEAU, op. cit., p. 39.

 5 Vie en Christ, VI, 54, p. 87.

 6 Ibidem, VI, 98, p. 125

 7 Ce terme vient du titre d’une anthologie de textes hésychastes composée au XVIIIe siècle et intitulée Philocalie des pères neptiques (la nepsis désignant la sobriété dans la prière). Le mot « Philocalie » désigne proprement l’amour de la beauté.