"La demeure de Dieu parmi les hommes" - homélie pour la fête de la dédicace de Notre-Dame de Paris, 1er juin 1986

La demeure de Dieu parmi les hommes Homélie pour la fête de la dédicace de Notre-Dame de Paris, 1er juin 1986

Lectures : Apocalypse 21, 9-14 1 Pierre 2, 4-9 Jean 10, 22-30 Nous célébrons aujourd’hui l’anniversaire de la dédicace de cette cathédrale. Cette habitude millénaire – et plus encore – de consacrer ainsi sous un vocable particulier les églises – et spécialement les cathédrales – trouve certainement son origine dans la dédicace du Temple de Jérusalem. La première phrase (Jean 10, 22) de l’Évangile que je viens de lire rapporte en effet la circonstance dans laquelle a lieu ce dialogue entre Jésus et ceux qui l’interpellent : on célébrait à Jérusalem l’anniversaire de la dédicace du Temple.

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Nous allons revenir sur la suite de cet Évangile, et aussi sur le passage que nous venons d’entendre, peu de temps auparavant, de la Première Lettre de saint Pierre. Mais nous devons d’abord nous demander quel temple est désormais véritablement consacré de sorte qu’il puisse être assimilé au Temple de Jérusalem.

En vérité, aucun édifice de pierre ne peut y prétendre en ce monde. Car c’est dans la Jérusalem céleste, ainsi que le dit saint Jean (Apocalypse 21, 10-11), que sont établies la demeure de Dieu et sa gloire. Et c’est de cette présence de Dieu que Jésus, le Fils éternel, veut recevoir l’abondance de la vie la source jaillissante de l’Esprit. La foi qu’il réclame de ceux auxquels il s’adresse, c’est la foi en cette demeure de Dieu au milieu des hommes.

Nos cathédrales, nos édifices, nos Églises particulières, nos traditions qui – comme le rappelait le patriarche ¹ – coïncident souvent avec des nations, des langues, des histoires singulières, peuvent-elles réclamer pour elles-mêmes – et pour leurs bâtiments, aussi antiques soient-ils, aussi saints soientils –, la même vénération en raison de la même affirmation ? Devons-nous dire que cet édifice de pierre est le lieu où réside la gloire de Dieu ?

Vous hésitez devant ma question, car en un sens vous êtes tentés de répondre : « Oui ! Car nous savons bien que, par le sacrement de sa présence, le Christ habite en ce lieu et que la grâce divine y est donnée et répandue ». Cependant, vous hésitez, et peut-être êtes-vous aussi tentés de dire : « Non ! ». Et en cela, vous n’auriez pas tort non plus, car les cathédrales sont mortelles – comme les civilisations...

Au début (chapitres 2 et 3) du Livre de l’Apocalypse, dont nous avons lu un passage tout à l’heure et qui fait partie du Nouveau Testament avec le souffle prophétique du Premier, l’apôtre saint Jean fait mémoire des premières Églises des temps apostoliques, ces antiques Églises dont certains héritiers sont parmi nous ². Mais combien d’autres de ces Églises ont disparu de l’histoire et ne sont plus aujourd’hui présentes que dans le...

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 1 Il s’agit de Grégoire Pierre XX Ghabroyan (1934-2021), de 1977 à 2013 exarque puis éparque apostolique pour les catholiques orientaux de rite arménien résidant en France, élu en 2015 primat de l’Église catholique arménienne.

 2 En plus des Arméniens, des représentants d’autres communautés de chrétiens d’Orient persécutés et émigrés en France sont présents à Notre-Dame de Paris pour la fête de la dédicace de la cathédrale.