L’indulgence et la miséricorde de Dieu

Dans un parcours qui, des origines jusqu'à la réflexion contemporaine, présente l'évolution de la doctrine des indulgences, l'auteur en dégage l'inspiration essentielle : il s'impose de dépasser l'ambiguïté d'un pluriel qui comptabilise trop humainement les libéralités divines, pour voir dans l'indulgence l'expression même de la miséricorde infinie de Dieu pour le pécheur.

Le cardinal Journet écrivait que « la doctrine des indulgences est une fleur délicate, mais authentique de l’arbre vivant de la doctrine chrétienne ». Sans aucune ironie – ce serait d’ailleurs déplacé – on doit constater que la fleur délicate s’est quelque peu fanée. Une des causes de cette situation peut, nous semble-t-il, s’expliquer par le fait qu’au cours des siècles on a lu de préférence la doctrine de l’indulgence à la lumière du péché. La dernière définition, dans l’ordre chronologique, que propose le Catéchisme de l’Église catholique, en donne une preuve manifeste. Reprenant le texte de la Constitution Indulgentiarum doctrina de Paul VI, le Catéchisme écrit : «L’indulgence est la rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée, rémission que le fidèle bien disposé obtient à certaines  conditions déterminées, par l’action de l’Église, laquelle, en tant que dispensatrice de la rédemption, distribue et applique par son autorité le trésor des satisfactions du Christ et des saints. » Cette « définition », qui on le voit, reprend les points essentiels de la doctrine, apparaît complète dans son genre : le mystère de la rédemption du
Christ, la médiation de l’Église, la disposition du croyant et la rémission de la peine, tels sont les éléments qui définissent l’indulgence, en sorte que si un seul était absent, l’ensemble s’écroulerait. [...]