La chair du Salut

Méditer l'incarnation, c'est contempler dans toute la vie de Jésus son action rédemptrice, de la vie cachée jusqu'aux rencontres avec le Ressuscité. Cette loi de l'incarnation se prolonge dans l'Eucharistie, que nous mangeons pour être incorporés au Christ, non dans un mouvement de repli sur nous-mêmes, mais en vue de participer à la mission terrestre et à la liturgie céleste.

Caro salutis est cardo. La chair est le pivot du salut. Tertullien

De l’Incarnation à la Résurrection

Dans un admirable passage, auquel nous revenons souvent, Athanase affirme avec une transparence lapidaire que nous pouvons envier, nous, modernes et dialectiques : « Le Verbe a pris un corps capable de mourir afin de l’offrir pour tous.  » En reprenant cette idée, et en nous laissant inspirer par Cyrille d’Alexandrie, nous ajouterions même : Jésus est né pour mourir et ressusciter, nous ouvrant définitivement le chemin vers le Père et nous donnant à cette fin son Esprit Saint. Cet Esprit, dans sa donation et sa mission, est le véritable résultat du Mystère pascal, lui qui est donné à l’Église par le Ressuscité (Jean 20, 20).

De fait, toute la vie de Jésus est orientée vers la croix, vers la résurrection et la donation de l’Esprit filial par le Ressuscité. Mais ce point culminant de la vie de Jésus est atteint à partir d’une vie d’homme très réelle, en une lente maturation depuis une enfance et une vie adulte pleine de vicissitudes et aussi, finalement, de conflits, selon la trame authentique et dramatique d’un jeu de libertés qui culmine avec la mort sur la croix. [...]