Adresse au Symposium des amis de l’orgue

L'organiste peut aider les responsables et les participants d'une célébration à respecter la construction de « l'ensemble de l'acte liturgique », comme le déroulement dans le temps d'un acte unique. Dans la mesure où les grandes œuvres musicales sont elles-mêmes construites dans le temps, leur écoute permet aux fidèles de découvrir le sens de cet acte. Une telle exigence impose de repenser le rôle des musiciens, vrais serviteurs de la liturgie.

Ce texte adressé aux membres du Symposium de la fédération francophone des amis de l’orgue a été lu par M. Henri Delorme, président du Symposium.

Chers amis,

Vous avez donné à votre symposium un double titre : « Pour un  chant d’Église traditionnel et contemporain » et « Le rôle de l’orgue dans la liturgie des Églises francophones. »

Rapprocher ces deux questions n’est pas sans intérêt. En effet, toute célébration liturgique, et en premier lieu l’Eucharistie, constitue une action complexe mais unifiée qui se déroule dans le temps. Les grandes oeuvres musicales nous fournissent le meilleur point de comparaison.

Lorsque la tradition liturgique est fortement constituée, lorsque le répertoire évolue avec une relative lenteur et sait intégrer les innovations dans une structure préexistante, c’est comme d’instinct que se construit le déroulement dans le temps d’un acte où les célébrants sont simultanément les liturges et les participants, chacun à des titres divers. La mémoire spirituelle, esthétique et affective sans laquelle il n’y a pas de « mémorial » est également possédée par les liturges et l’assemblée. Aujourd’hui, dans la plupart des pays francophones, ce modèle a été fortement déstructuré. Certes, la règle de la prière, le « canon », dirait l’expression ancienne, a gardé sa structure très affirmée. Et, cependant, les lois actuelles du spectacle, celles des variétés ou des émissions télévisées, sont souvent la référence esthétique du célébrantprêtre, pasteur, équipe liturgique, ou même ceux qui, de droit ou de fait, « animent » la célébration et jouent le rôle de boute-en-train liturgique. [...]