Mensonge et langage

Par son rapport intime avec le langage, le mensonge pervertit le rapport de soi à soi ; mais bien plus, il détruit le lien à l'autre rendu justement possible par la parole.

 

« En vérité le mentir est un maudit vice. Nous ne sommes hommes et nous ne tenons les uns aux autres que par la parole » Montaigne.

 

Choisir d’aborder le mensonge par son rapport avec le langage, c’est se démarquer d’une problématique axée sur la sincérité, la bonne foi, d’une interrogation portant sur ce qui les rend possibles, sur leurs limites et définissant les critères de la condamnation morale du mensonge. La perspective retenue, centrée sur le langage, conduit à réfléchir moins sur la perversion du rapport de soi à soi que le mensonge implique1, que sur la destruction du lien à l’autre, de cette mise en commun que rend possible toute parole. Parler consiste en effet à dire quelque chose, à énoncer un message mais aussi, dans l’identité de ce même acte, à le dire à quelqu’un avec qui, de ce fait, une relation s’instaure. « Parler, c’est rendre le monde commun, créer des lieux communs. Le langage ne se réfère pas à la généralité des concepts, mais jette les bases d’une possession en commun.2» Telle est la radicalité du mensonge dont [...]

 

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1. Ce rapport de soi à soi dans le mensonge sera néanmoins évoqué plus bas, dans l’analyse de la notion d’indisponibilité empruntée à Gabriel Marcel.

2. E. Lévinas, Totalité et Infini, Le livre de poche, 1992, p. 74.


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