Jeûner – Pourquoi ? Pour qui ?

M. Miklos VETÖ
Jeûne et Eucharistie - n°233 Mai - Juin 2014 - Page n° 59

Le jeûne, comme pratique religieuse et morale, consiste à se priver d’un bien en vue d’obtenir pour soi-même une faveur particulière ou une purification. On peut jeûner également pour les autres : on consent alors au transfert des mérites et des fruits de l’ascèse à autrui. En dernière instance – et c’est peut-être le sens profond de cette pratique humaine – on jeûne pour participer à sa manière à l’œuvre kénotique de Dieu qui a créé et sauvé les hommes et qui continue à les créer et à les sauver.

 

Liminaire

Le jeûne est un comportement humain universel. Il peut désigner le simple fait d’être privé de nourriture, d’être à jeun, mais l’aspect volontaire, l’aspect intentionnel est le plus souvent présent, même quand il est effacé, occulté dans de simples descriptions de comportement. Sans doute, le jeûne peut se pratiquer dans des contextes psychologiques et médicaux mais pour l’essentiel, c’est un phénomène d’ordre religieux et moral. Le jeûne est une forme, une instance de l’abstinence. C’est une privation, une privation volontaire avec une certaine finalité. Cette finalité est l’obtention de quelque chose, l’obtention d’un résultat particulier, précis, une guérison ou un succès, mais le plus souvent, il s’agit de quelque chose de non-objectif, de non-concret, de quelque chose de général. À savoir de l’accès à une meilleure condition physique, économique ou sociale mais surtout morale et spirituelle du sujet.

On peut parler – et les religions et les morales ne s’en privent pas – de jeûne au sens figuratif du terme, de jeûne « spirituel » ou symbolique, mais l’eidos jeûne est une instance des phénomènes d’ascèse, un comportement négatif où le sujet se prive de nourriture complètement ou partiellement. En tant qu’essence phénoménologique, le jeûne paraît désigner une relation du sujet à lui-même. Or une analyse conceptuelle du riche éventail de ses formes et de ses échantillons réfute cette fiction de monisme. Si, selon son apparence première, le jeûne est une opération, une action ou une passion, qui n’a pas de vis-à-vis extérieur mais paraît s’épuiser dans un régime de terme unique, la discussion philosophique saura reconnaître dans et au-delà de ce terme unique, une relation à deux, voire à trois termes. La privation de nourriture peut apparaître comme un comportement n’impliquant que le sujet lui-même. [...]

 

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