Martyre et imitation de Jésus-Christ

Le martyre chrétien a été compris dès l'origine comme la forme suprême de la confession de la foi au Christ. Il est l'accomplissement d'une vie chrétienne comprise comme imitation de Jésus, ainsi qu'en témoignent de nombreux exemples dans l'église primitive. Une telle conception du martyre permet également de comprendre comment l'Église a pu reconnaître la sainteté de ceux qui, les persécutions achevées, ont consacré toute leur vie au Christ sans pour autant mourir martyrs.

1. Témoignages de l'Église ancienne

Un des plus beaux textes relatifs au martyre à la suite de Jésus se trouve dans l'Entretien d'Origène avec Héraclide et les évêques ses collègues sur le Père, le Fils et l'âme (entre 244 et 249 après J.-C.). Origène y confesse : « De même que je suis prêt à mourir pour la vérité, de même je considère que ce qu'on appelle la mort est peu de chose ; elles peuvent bien venir, les bêtes sauvages, les flammes, les tortures. Je sais qu'après mon dernier souffle j'émigrerai de mon corps et je trouverai le repos avec le Christ. C'est pour cela que nous voulons combattre et lutter. Gémissons parce que nous habitons le corps. Quand nous serons aux mains des fossoyeurs, nous ne serons plus dans notre corps, mais délivrés de lui, car nous le transformerons en une nature plus spirituelle. Si nous devons retourner en poussière et être avec le Christ, comment gémir alors, aussi longtemps que nous sommes dans notre corps ? »

L'aspiration au martyre traverse toute la vie d'Origène. Durant la persécution des chrétiens sous l'empereur Decius (250 ap. J.-C.), il fut arrêté et torturé. Il est vrai qu'au terme de cette persécution relativement brève mais cruelle, il  retrouva la liberté, mais sa santé fut si profondément affectée qu'il mourut peu après (vers 254) et trouva à Tyr sa dernière demeure. Il y a beaucoup de témoignages, dans l'Église ancienne, qui évoquent l'aspiration au martyre. [...]