L'Eternel et le féminin

Philippe NEMO
La confession de la foi - n°1 Septembre - Octobre 1975 - Page n° 90

Le « Ce que je crois » de Maurice Clavel (Grasset, 310 p., 36 F.) a eu une trop large audience pour qu'il soit bien nécessaire ici de le présenter comme on fait d'un ouvrage sur lequel on veut tout d'abord attirer l'attention. Nous en discuterons seulement un passage difficile, qui nous donnera l'occasion de soulever le problème d'une critique du discours religieux par la psychanalyse. Ce n'est pas dire que cette critique ruine le moins du monde l'argumentation de Clavel : elle voudrait plutôt montrer la nécessité de corriger certaines images, pour que le fond de l'argumentation soit sauf.

La démarche du livre est en effet celle d'une recherche inquiète, sinueuse, dont le succès n'est acquis qu'au dernier moment. Et c'est seulement à quelques pages de la fin qu'en un dernier coup de théâtre survient l'illumination, la « clé » qui sauve tout et qui sauve rétrospectivement la démarche sinueuse elle-même. Cette clé, c'est l'Amour. Or, parce que cette notion sert de cheville en maint discours sur Dieu et qu'elle est l'outil grâce auquel on fait sauter, trop facilement peut-être, des portes dont on a en vain tenté de détailler les mécanismes, nous voudrions l'examiner une fois encore. Nous voudrions être sûr que son effet d'ouverture n'atteste pas un mécanisme inaperçu. Nommément : nous voudrions être sûr que le phénomène d'amour dont parle Clavel est bien l'agape évangélique.

Citons le passage entier : « Il ne faut pas trop parler de l'amour... Il faut le pratiquer. Et pourquoi ne pas dire, comme en amour charnel : le faire? Et alors on n'a plus guère de mots... Ou très simples, indivisibles de l'acte, comme jaillis de lui et en retour le poussant à la joie parfaite de se connaître en son accomplissement, et d'attendre — et par là d'obtenir — qu'il recommence... Mots d'amour dans l'amour : Vérités dans la Foi. Au fait, n'est-ce pas cela, la clé? » (p. 264).

Les vérités, pour l'homme religieux, ne sont donc jamais plus stables, à prendre plus à la lettre, qu'un mot échappé dans l'amour. Mais celui-ci, sans ce mot, ne se « connaîtrait » pas « en son accomplissement », comme un rêve il s'oublierait. La foi, sans les vérités de la foi, n'est pas une lumière, mais un [...]

 

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1- page 60 William CONGDON : Le visage du monde et la figure du Christ 19751060 - pdf Gratuit pour tout le monde Télécharger
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