R. P. Michel SALES
L'Eucharistie
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n°13
Septembre - Octobre
1977 - Page n° 2
L'Eucharistie, « mystère de la foi », produit la communion des chrétiens entre eux et avec le Christ ; elle ne la présuppose pas. L'écriture et la Tradition le rappellent.
Tout l'article est joint.
Le Christ est-il divisé ? 1 Corinthiens 1, 13
L'EUCHARISTIE est le sacrement de l'unité de l'Église. Elle est le sacrement de la communion de l'Église à la vie même de Dieu, à l'amour trinitaire. Elle réalise, par là, l'unité des croyants entre eux. « La coupe de bénédiction que nous bénissons n'est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons n'est-il pas communion au corps du Christ ? Parce qu'il n'y a qu'un pain, nous ne sommes qu'un corps, car tous nous participons à ce corps unique »(l Corinthiens 10, 16s.).
Ce « mystère de foi » [[Mysterium Fidei (Le mystère de la foi) : au centre de la messe, cette acclamation du célébrant suit immédiatement la consécration du pain et du vin, et introduit l'anamnèse (la commémoration) de la mort et de la résurrection du Seigneur. Sans doute est-ce à dessein que le Pape Paul VI a introduit par cette expression traditionnelle son importante encyclique sur l'Eucharistie du 3 septembre 1965. Publié quelques mois après la Constitution de Vatican II sur la sainte liturgie, ce texte vaudrait d'être relu dans les débats actuels autour de l'Eucharistie.]], vécu dès les origines de l'Eglise, a été formulé par Paul quelques années à peine après la mort et la résurrection du Christ, en des termes que la tradition a repris et commentés, sans jamais se lasser [[Signalons ici le remarquable recueil de liturgies anciennes et de textes patristiques choisis par A. Hamman, La Messe, collection « Lettres chrétiennes », n° 9, Grasset, Paris, - 1964. Voir aussi le magnifique florilège de textes exhumés par le P.H. de Lubac, il y a déjà quarante ans, dans Catholicisme, collection « Unam Sanctam », n° III, Paris, Cerf, 1937. Du même auteur, voir Corpus Mysticum, collection « Théologie », n° 3, Paris, Aubier, 2e éd., 1949. Le P. de Lubac a résumé les thèses essentielles de cet ouvrage dans le chapitre IV de sa Méditation sur l'Eglise, collection « Théologie », n° 27, Paris, Aubier, 1953 (rééditée dans la collection de poche « Foi Vivante »), On trouvera là la signification exacte de la formule, souvent détournée de son sens :« L'Eglise fait l'Eucharistie, l'Eucharistie fait l'Eglise »,]]. (p.2)
« Vous êtes le corps du Christ »
Lorsqu'il écrit aux chrétiens de Corinthe, vers l'an 57 de notre ère : « Vous êtes le corps du Christ, et membres chacun pour sa part » (1 Corinthiens 12, 17), l'apôtre des Gentils n'entend point utiliser une vague métaphore, comme celles qu'emploient parfois de nos jours les sociologues pour parler d'un groupe ou, comme on dit, d'un « corps » social. L'unité des chrétiens, avec le Christ et entre eux, est une unité substantielle, non pas moins, mais aussi réelle que celle d'une personne une et unique. Elle est l'unité de la personne humano-divine du Christ entier, tête et membres. Car l'Eucharistie étend à l'Eglise entière le mystère de l'Incarnation et de la Rédemption, par lequel Dieu se fait homme pour que l'homme lui-même devienne un avec Dieu. Comme le répète à l'envi saint Augustin, le Christ nous fait devenir avec lui « un seul et unique corps, la tête et le corps ». Il n'y a, autrement dit, qu'un seul corps du Christ, dont les membres participent à la réalité de la tête, qui est le Christ. Cette unité, en un corps unique, des chrétiens avec le Christ et entre eux, n'est pas une promesse conditionnelle, dont la réalisation serait suspendue à quelque oeuvre de l'homme. Elle est une réalité actuelle offerte à notre foi, et non seulement une promesse ; aussi actuelle et aussi réelle que l'Incarnation du Fils unique, s'offrant une fois pour toutes à son Père en victime immaculée pour le salut du monde (cf. Hébreux 9, 11-28). II s'agit du présent de l'Eglise, non d'un avenir qui lui échapperait. L'unité du corps du Christ, il est vrai, n'englobe pas seulement les membres vivants de l'Eglise répandue à l'heure qu'il est sur toute la terre : elle inclut tous ceux qui sont morts marqués du signe de la foi, et non seulement ceux-ci, mais tous ceux qui, après eux et nous, croiront en Jésus-Christ. C'est dire que, dans sa plénitude, l'unité de l'Eglise transcende l'intégralité même de son actualité visible, même si celle-ci nous communique réellement, ici et maintenant, dans l'Eucharistie, la totalité du mystère du Christ, tête et corps.
Trouverons-nous ces paroles « trop fortes », comme les habitants de Capharnaüm quittant le Seigneur en grand nombre après le discours sur le Pain de Vie, dans lequel, en d'autres termes, l'évangéliste Jean rejoint pour le fond la pensée de Paul (cf. Jean 6) ? Il n'empêche que nous ne faisons ici que rappeler simplement le « mystère de la foi » reçu par l'Eglise de Jésus lui-même. « Pour moi en effet, écrit encore l'apôtre, j'ai reçu du Seigneur ce qu'aussi bien je vous ai transmis : le Seigneur Jésus, la nuit où il était livré, prit du pain et, ayant rendu grâce, le rompit et dit :' Ceci est mon corps qui est pour vous ; faites cela en mémoire de moi '. De même, il prit aussi la coupe après le repas, en disant : ' Cette coupe est la Nouvelle Alliance en mon sang ; faites ceci, chaque fois que vous boirez, en mémoire de moi '. Chaque fois, en effet, que vous recevez ce pain et buvez à cette coupe, vous annoncez (p.3)la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne » (1 Corinthiens 11, 22-26) [[Pour l'exégèse de ce texte fondamental, voir Jacques Guillet, Les premiers mots de la foi (Paris, Centurion, 1977) p. 30-36. Cf. Joseph Huby, Première épître aux Corinthiens (Paris, Beauchesne, 1946) p. 254-271.]].
« Le Christ est-il divisé ? »
On aurait tort de penser que cet enseignement sur l'Eucharistie soit un luxe pour la vie chrétienne, simple matière à discussion théologique, ou exégétique, dans une communauté paisible et soumise à l'Evangile. Ecrivant aux dockers de Corinthe, saint Paul s'adresse à des chrétiens très ordinaires, ou plutôt même à des croyants qui ne vivent guère en conformité avec l'Evangile qu'ils ont reçu de lui et l'Eucharistie qu'ils célèbrent.
La Première épître aux Corinthiens nous brosse implicitement le portrait d'une communauté où tout va mal, ou presque. Le relâchement des mœurs y est tel que certains « saints » se livrent à la fornication (6, 12s.), et l'on y trouve même un cas d'inceste, « tel qu'il n'y en a pas même chez les païens » (5, ls.). Non contents de se disputer entre eux, des fidèles font appel aux tribunaux païens pour régler leurs différends (6, ls.). Au moment même de célébrer le Repas du Seigneur, les riches refusent de partager leur pain avec les pauvres (11, 17s.). Chacun se glorifie dés dons qu'il a reçus de Dieu, au lieu de les faire concourir au bien de la communauté, et le désordre règne dans les assemblées liturgiques, où tout le monde prétend parler en même temps (v. 12-14). Il se trouve même des fidèles pour avoir des doutes sur le point fondamental de la Résurrection (v. 15). Mais par-dessus tout, et plus profondément, les chrétiens de Corinthe sont divisés dans leur appartenance ecclésiale elle-même. Il m'a été signalé, leur écrit saint Paul au début de la lettre qu'il leur adresse, « qu'il y a parmi vous des querelles. Je veux dire que chacun de vous dit : 'Moi, je suis de Paul ' — 'Et moi, d'Apollos ' — ' Et moi, de Képhas ' — ' Et moi, du Christ ' » (1, 11-13). Mais il y a pis. Cette division des fidèles, non contente de s'exprimer de manière sporadique et privée, s'étale au grand jour et va jusqu'à se prévaloir, pour se manifester, des réunions de prière et de l'Eucharistie elle-même (cf. 11, 17s.).
Tel est le contexte dans lequel saint Paul évoque et invoque le mystère de l'Eucharistie. Tels sont les chrétiens auxquels il rappelle qu'ils sont le corps du Christ et membres les uns des autres, en vertu de leur baptême. « De même, en effet, que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, bien qu'étant plusieurs, ne sont qu'un seul corps, ainsi en est-il du Christ : aussi bien est-ce en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés pour ne faire qu'un (p.4)seul corps », et « c'est d'un seul Esprit que tous nous avons été abreuvés » (12, 12-13) [[D'où l'extrême importance, au « canon », de la mention du pape et de l'évêque du lieu : c'est le signe de l'unité catholique, hors de laquelle la célébration eucharistique serait mensongère: Car l'Eglise, corps du Christ, est indivisiblement sociale et mystique, visible et invisible, « assemblée visible et communauté spirituelle » (Lumen Gentium, 8 ; Gaudium et Spes 40, 2). Le « mystère de la foi » est « mystère d'unité ».]]. Rappeler le « mystère de la foi » à une communauté chrétienne divisée, à des croyants qui se soupçonnent, se méprisent ou se condamnent mutuellement, ce n'est pas ajouter aux déchirements, voire aux ruptures, le poids d'une condamnation ou l'odieux d'une affirmation hypocrite, tant elle correspond peu à la vérité vécue par la communauté. C'est désigner aux fidèles la source unique de la paix véritable et le remède à leurs divisions, à savoir, croire vraiment, c'est-à-dire vivre en conformité avec la foi qu'ils proclament et la prière qu'ils font lorsqu'ils participent à l'Eucharistie.
Aimer dans l'Eglise le corps du Christ
« Personne n'a jamais haï sa propre chair ; on la nourrit au contraire, on la choie, tout comme le Christ fait pour l'Eglise, parce que nous sommes les membres de son corps » (Ephésiens 5, 29-30). Si nous formons un seul corps avec le Christ, si nous sommes vraiment abreuvés par son Esprit, nous devons avoir en nous et entre nous « les sentiments mêmes qui furent dans le Christ Jésus » (cf. Philippiens 2). Selon l'exhortation pressante et inouïe de l'auteur de l'Epître aux Ephésiens, il nous faut « imiter Dieu comme des enfants bien-aimés », et nous conduire avec amour, « tout comme le Christ nous a aimés et s'est livré pour nous, offrande et sacrifice à Dieu, en parfum d'agréable odeur » (5, 1-2). Si cet amour n'est pas un vain .mot, il doit commencer par se manifester à l'égard de nos frères dans la foi, comme nous y invite encore l'apôtre : « tandis que nous en avons le temps, pratiquons le bien envers tous, mais surtout envers ceux qui partagent notre foi » (Galates 6, 10). Ailleurs, traitant de ceux qui n'obéissent pas à ce qu'il dit, saint Paul, tout en demandant aux fidèles de ne pas les fréquenter, recommande cependant de les regarder, non comme des ennemis, mais comme des frères (cf. 2 Thessaloniciens 3, 15). Sages conseils, qu'il nous est bon de réentendre à l'heure qu'il est —, d'une sagesse qui, pour être vraiment théologale, n'en est que plus réaliste et plus humaine. Si nous traitons nos frères comme des ennemis, comment pourrons-nous prétendre aimer nos ennemis comme des frères ? Si nous haïssons ou méprisons notre propre corps, quel crédit aura jamais notre prétention d'aimer ceux qui nous sont étrangers ? Le témoignage chrétien authentique est lié à l'unité de l'Eglise dans l'amour du Christ. « A ceci tous vous reconnaîtront pour (p.5) mes disciples, dit Jésus après le lavement des pieds : si vous avez de l'amour les uns pour les autres » (Jean 13, 35). Et toute la « prière sacerdotale » du Christ. à son Père est centrée sur la demande de l'unité pour les siens, « afin que le monde croie » (Jean 17, 20-23).
« Reconnaissons que nous sommes pécheurs »
Prendre part au sacrement de l'Eucharistie, commémorer le sacrifice du Christ, sans vouloir vivre ce qu'il signifie et réalise — l'unité du corps du Christ dans la charité répandue par l'Esprit — c'est, pour l'Eglise, se condamner soi-même. La communion eucharistique opère, en effet, un véritable discernement : elle juge celui qui y participe. « Quiconque mange le pain et boit la coupe indignement, écrit saint Paul, sera coupable à l'égard du corps et du sang du Seigneur. Que chacun donc s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe ; car celui qui mange et qui boit, c'est sa propre condamnation qu'il mange et qu'il boit, s'il ne discerne le corps » (1 Corinthiens 11, 27-29). A ce compte, dira-t-on justement, qui est digne de prendre part au repas du Seigneur ? Aucun de nous, en effet, ne l'est à proprement parler ; mais tous, à quelque degré de la hiérarchie que Dieu nous ait placés, ou si avancés que nous soyons sur la voie de la sainteté, nous avons à le devenir. La structure même de la messe implique, chez ceux qui y participent, un dynamisme de conversion autant qu'un acte d'humilité et de vérité théologales. La première disposition du chrétien, c'est un « cœur brisé » (cf. Psaume 51), implorant le pardon de Dieu et de ses frères. « Préparons-nous à la célébration de l'Eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs », dit le prêtre au début de la célébration : ainsi nous reconnaissons-nous coupables envers l'unité du corps unique auquel nous avons été incorporés par notre baptême, facteurs (p.6) actuels de rupture de la communion avec Dieu et entre nous. La liturgie contribue encore à « faire la vérité » en nous, en nous laissant juger par l'évocation des merveilles de Dieu qui, ne cessant de nous prévenir, soulignent davantage encore notre ingratitude ou notre manque de générosité. Enfin, au moment même de consommer le corps et de boire à la coupe, l'Église met sur nos lèvres l'admirable acte de foi du centurion de l'Évangile : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et mon âme sera guérie » (cf. Luc 7, 7) [[Les prières que fait le prêtre à voix basse, avant de communier, sont plus explicites encore : « Seigneur Jésus-Christ, que cette communion à ton corps et à ton sang n'entrave pour moi ni jugement ni condamnation, mais qu'elle soutienne mon esprit et mon corps et me donne la guérison ». — « Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, selon la volonté du Père et avec la puissance du Saint-Esprit, tu as donné par ta mort la vie au monde. Que ton corps me délivre de tout péché et de tout mal ; fais que je demeure fidèle à tes commandements et que jamais je ne sois séparé de toi ».]]. L'Église, on le voit, ne croit pas que nous soyons jamais dignes de communier au corps et au sang du Christ. Elle s'en remet à lui et nous demande de compter sur sa Parole. C'est en ce sens que l'Eucharistie est inséparable de la pénitence, de la reconnaissance et de la confession des péchés. Mais il y aurait illusion à penser que la communion au corps et au sang du Seigneur présuppose que nous sommes justes. Nous participons au sacrement de l'Eucharistie pour être sanctifiés, non parce que nous le sommes. Autrement dit, nous devons attendre du corps du Christ qu'il transforme notre existence charnelle et la convertisse en la sienne, « afin que notre vie ne soit plus à nous-mêmes, mais à lui qui est mort et ressuscité pour nous » (Prière eucharistique IV ; cf. 2 Corinthiens 5, 15).
J'ai rencontré, ces dernières années, nombre de chrétiens, parmi lesquels des prêtres et des religieuses, qui se faisaient un scrupule de conscience de participer à l'Eucharistie avec certains de leurs frères dans la foi, sous prétexte qu'ils éprouvaient à leur égard des sentiments de méfiance, voire de haine, pour des motifs politiques, ou familiaux ou autres, afin, disaient-ils, de ne pas être hypocrites. C'était oublier que l'Eucharistie, non seulement signifie, mais réalise ce qu'elle signifie et que c'est là l'œuvre de Dieu pour nous. « Avant d'être latreutique (= culte rendu à Dieu), et pour l'être, le culte chrétien est théurgique (= œuvre de Dieu) et sotériologique (= réalisant le salut) : il ne consiste pas d'abord à offrir, à faire monter quelque chose de nous vers Dieu, mais à recevoir le don opérant de Dieu » [[Y. Congar, dans Vatican II, les prêtres. (Coll. « Unam Sanctam » n° 68, Paris, Cerf, 1968) p. 254. (Le contenu des parenthèses est de la rédaction).]]. En d'autres termes, « la disposition des fidèles à la messe est le fruit du sacrifice du Christ et de l'Église, et non son origine » [[G. Philips, dans Ephem. Theol. Lovanienses, 1969, p. 115.]].
On ne peut, à vrai dire, communier dignement au corps du Christ qu'avec le cœur du publicain de l'Évangile (cf. Luc 18, 9-14), et par la (p.7) grâce qui nous fait croire que rien n'est impossible à Dieu. Ce n'est point par nous-mêmes, mais en implorant et recevant son Esprit, que nous aimons nos frères et, à plus forte raison, nos ennemis. Nous ne devons pas redouter d'être hypocrites, en communiant au corps et au sang du Christ pour trouver dans cette communion la lumière et la force de livrer notre vie, comme lui, jusqu'au bout.
L'Eucharistie dénonce nos divisions et nous invite à les surmonter comme le Christ et avec lui : non pas en leur cherchant quelque bouc émissaire, ni en commençant par condamner ceux que nous avons tôt fait de désigner comme coupables, mais en prenant sur nous, quelle que soit notre situation dans l'Eglise, pasteurs et fidèles, les sentiments de Celui qui s'est fait obéissant jusqu'à la Croix pour nous pauvres pécheurs.
Il va sans dire que ces dispositions, communes à tous ceux qui s'honorent du nom de chrétiens, valent au premier chef pour les hommes que Dieu a institués comme successeurs des apôtres pour faire l'Eucharistie en communion les uns avec les autres et avec le successeur de Pierre, auquel est spécialement échu le ministère de l'unité. Si la division des chrétiens est un scandale, que dire de la division de l'unique sacerdoce institué par le Christ pour faire l'Eucharistie et produire par elle, pour l'Église, son fruit essentiel : l'unité ? ...
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