La responsabilité des différents acteurs financiers.

Antoine DE SALINS ET FRANÇOIS VILLEROY DE GALHAU
L'argent - n°126 Juillet - Aout 1996 - Page n° 71

L'ordre de Bretton Woods était lui-même très imparfait. Y retourner signifierait l'abandon pour chacun de sa liberté d'évaluation économique. Pour autant, la technique financière doit être au service du bien commun, et l'économie mondiale, passer de l'interdépendance à la solidarité. Ce passage, pour être réel, doit s'effectuer à tous les niveaux de responsabilités, y compris celui des intermédiaires financiers.

Michel nous reproche amicalement une résignation trop rapide face à la globalisation financière considérée comme une fatalité. Il invite à une contestation plus radicale de l'ordre économique et financier que nous connaissons depuis maintenant vingt-cinq ans et ce jour fameux d'août 1971, où le Président Nixon annonça que le système monétaire international construit à Bretton-Woods n'existait plus.

Nous voilà stimulés à préciser davantage notre souci de ne pas idéaliser un « âge d'or », ni de diaboliser la finance moderne ;

1. L'ordre de Bretton-Woods était, nous semble-t-il, luimême très imparfait. Il n'était pas exempt de facteurs de domination, de la part des États-Unis en particulier et des pays occidentaux en général. Il n'a, au surplus, pas joué son rôle préventif des désordres de l'économie réelle. Pour reprendre la métaphore percutante utilisée par Michel Albert : « les propriétaires ont refusé toute mesure préventive » dans le bâtiment de Bretton-Woods : l'incendie en conséquence a éclaté. La finance moderne est née des décombres de cet ordre monétaire ancien et de quelques révolutions technologiques intervenues depuis lors (capacité à traiter et à transmettre en temps réel et à l'autre bout du monde des données complexes) : peut-on pour autant considérer qu'elle constitue la principale responsable des dérèglements monétaires que nous subissons aujourd'hui ?

Nous ne le pensons pas. Dans nombre de cas, la finance constitue un effet plus qu'une cause, celle-ci devant être plutôt recherchée du côté de la négligence des gouvernements (crise mexicaine de fin 1995) ou de l'incapacité de ces derniers à accepter l'idée que la stabilité monétaire est un « bien collectif » (dévaluations « sauvages » intervenues en Europe depuis l'éclatement du système monétaire européen en 1993). [...]

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