Hans Urs VON BALTHASAR
Après la mort
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n°29
Mai - Juin
1980 - Page n° 20
Après sa mort, l'homme ne sera pas l'objet passif d'une sentence rendue par un Juge pointilleux, mais rencontrera l'Amour absolu, auquel il répondra par un oui ou un non qui l'engageront définitivement.
La première page, 20, est jointe
1. ANCIENNE ALLIANCE
A l'arrière-plan de l'idée vétérotestamentaire de jugement se trouve la conception, communément répandue en Orient, d'une justice régissant le monde entier, réglant l'ordre des choses et gouvernant toutes les affaires humaines. Le dieu suprême a institué cette justice et veille à ce qu'il n'y soit pas porté atteinte. Le roi est particulièrement responsable de ce que les hommes s'y soumettent. A Sumer elle s'appelle Me, en Egypte Maat (celle-ci est en même temps la Sagesse imprégnant toutes choses, d'où dérive la conception fondamentale de la littérature sapientielle d'Israël) ; en Accadie, en Phénicie et spécialement en Canaan, il y a eu un dieu Sédèq — il est encore reconnaissable dans d'anciens noms comme Melchisédech — le dieu du juste ordre du monde, dont la fonction devient un des attributs de Yahvé. (Le grand prêtre Sadoq, parvenu aux honneurs sous le règne de Salomon, et qui vraisemblablement avait été prêtre auparavant dans le sanctuaire de la ville des Jébusiens, porte lui aussi ce nom). Si le trône du Pharaon et celui d'autres rois sont ornés des symboles de Maat, de même, dans les Psaumes (98,9 et 97,2), « la justice (Sédèq) et le droit (Mischpat) sont les bases du 'trône de Yahvé » [[Indications chez Hans Heinrich Schmid, Gerechtigkeit als Weltordnung (Mohr, Tübingen, 1968).]].
A partir de là, deux conceptions du jugement parcourent l'Ancien Testament : elles ne se contredisent pas, mais se complètent. Dans la mesure où Dieu est l'auteur et le régisseur de la justice du monde [[En Mésopotamie, Shamash est « le grand juge du ciel et de la terre » dans l'ancien empire égyptien, le dieu du soleil Râ est le juge, d'abord du pharaon, puis dans le moyen empire également celui des grands et même des gens ordinaires.]], il a (p.20) lui-même, comme de nombreux textes le disent, le jugement dans sa main ; celui qui est maltraité peut en appeler à lui ; les juges terrestres, appelés quelquefois « dieux » en tant qu'administrateurs du droit divin, n'ont pas à juger selon un autre droit que celui de Dieu. Mais dans la mesure où la justice instaurée par Dieu est une réalité habitant le monde, il y a aussi une justice s'établissant d'elle-même à l'intérieur des choses de la terre en d'autres termes, le mal se venge sur celui qui l'accomplit. Si l'on considère l'ensemble des deux aspects, il en résulte à peu près l'image de la justice et du jugement que se font les amis de Job et que reproduit la conception de l'Israël classique : d'après le destin (définitif) d'un homme, on peut savoir s'il est juste ou injuste aux yeux de Dieu.
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