éditorial
Toute famille a une fin. Aucune famille n'est une fin en soi. La vraie fin de la famille, c'est de réunir tous les enfants du Père, frères et sœurs du Christ. Chaque famille en est déjà le moyen et le lieu.
La vraie fin
A. LA famille est une réalité d'une évidence tellement omniprésente qu'elle peut rendre vain tout discours. Aucune contestation ne semble en mesure de l'abolir et, inversement, la ferveur des apologies inconditionnelles peut laisser comme un malaise. Chacun a une famille (une mère et un père, pour commencer, même inconnus) et connaît d'autres familles. Mais, en regard de cette expérience, «la» famille (en général) s'avère quelque chose de bien abstrait. En fait, la famille ressemble un peu à une auberge espagnole : on ne s'y repaît que des obsessions dont on ne se débarrasse jamais. C'est comme un carrefour où se croisent des routes multiples et plus semées d'embûches les unes que les autres. Indiquons-en quelques-unes.
1. À l'origine de toute famille, et dans son développement au moins dans le temps, il y a un homme et une femme. On rencontre donc immédiatement tous les problèmes du couple : vie commune, sexualité, place et rôle de la femme, mais aussi divorce, cohabitation, instabilité et, finalement, veuvage. L'institution du mariage est plus ou moins en crise et, si la famille en est affectée, c'est par contrecoup.
2. Cependant, il ne s'agit pas uniquement du face-à-face des conjoints. Car il y a les enfants, le refus ou l'impuissance, et donc les questions posées par les nouvelles techniques de procréation, la « famille monoparentale» et encore l'adoption. De surcroît, la présence d'enfants ne modifie pas seulement la vie du couple. En effet, leur nombre global à tout moment conditionne l'avenir de la collectivité. La fécondité n'est pas un simple objet d'analyse démographique. Elle traduit plutôt la santé physique et morale d'une nation, sa volonté et ses chances de survivre. On touche là, en même temps, aux points sensibles de l'immigration et des relations internationales...