Antonio SICARI
La famille chrétienne est un lieu privilégié de sauvegarde et de révélation des symboles radicaux de l'existence : symbole conjugal, symbole filial, paternel et maternel, symbole trinitaire et ecclésial, en lesquels l'unité originelle de l'homme dans la dualité de l'homme et de la femme a été rendue digne de participer au mystère trinitaire de la communion interpersonnelle.
Des symboles familiers
UN objet rompu irrégulièrement en deux (un anneau par exemple) et les morceaux conservés de manière que les deux possesseurs puissent, un jour lointain, se reconnaître au fait que les morceaux coïncident parfaitement : voilà ce que les Grecs appelaient symbolon (de sym-ballo, je réunis ensemble). Mais c'est l'acte de la réunion, de l'emboîtement, qui éclaire la vérité du symbole : une partie appelle l'autre, une partie offre à l'autre sa forme incomplète et n'accepte que celle qui lui correspond parfaitement ; une partie ne se laisse posséder que lors de la réunion avec l'autre (1). On est en présence d'une culture symbolique quand l'homme est constamment habitué à voir dans chaque détail les marques qui appellent l'union et la complétude, et se voue à l'incessante reconstruction de la juste unité. A l'opposé, on a toute culture fondée sur l'auto-suffisance, où le détail vaut par lui-même, et où l'homme s'applique à effacer les traces et limer les cassures de l'objet rompu, jusqu'à ce qu'il apparaisse faussement comme un morceau entier et complet. C'est le danger que courent constamment la science et la technique, quand elles abandonnent leur souci d'exactitude pour un narcissisme obtus. Plus dangereuses encore sont ces philosophies qui voient bien les marques de l'objet rompu, mais qui, au lieu de pressentir l'objet entier, s'appliquent à démontrer qu'elles ne correspondent à rien et n'appellent rien. De cette façon, la culture va vers la dia-bolicité : elle n'a rien à réunir (sym-bolicité) et, par conséquent, tourne systématiquement en dérision toute conjonction et lutte contre elle....