Le rôle des médias dans la formation de la lle République italienne

Souvent analysée comme le résultat d'un pouvoir médiatique, l'ascension démocratique de Silvio Berlusconi est présentée ici, par un dessinateur et journaliste politique italien, comme le défaut de conscience politique et culturelle produit par cinquante ans de médias démocrates-chrétiens.

Nous avons tous compris, et dans le monde entier, que la manière habituelle de penser , c'est-à-dire la culture d'un peuple, qui était naguère le fruit de la tradition familiale, de l'école, des lectures et de l'éducation religieuse, est due désormais, en grande partie, aux principaux moyens de communication visuelle (rotatives, cinéma, spots publicitaires et surtout télévision). Mais chez nous, en Italie, de l'après-guerre à l'avènement prétendu d'une IIe République, ces instruments qui sont vraiment et réellement éducatifs ont surtout bénéficié de deux visions : d'une part une vision droitière, peut-être héritée des origines, mais encore vive aujourd'hui, toute prête à glisser du conservatisme sentimental au n'importe-quoi le plus inculte, d'autre part une culture de gauche de plus en plus envahissante, plus ou moins confusément disposée sur un arc de cercle qui va du marxisme orthodoxe, utopique ou violent, jusqu'à l'anarchie du chacun-pour-soi cher à l'intellectualisme de la gauche-caviar, soucieux tout à la fois de dominer les masses et de s'en distinguer.

Ces deux courants, bien étrangers l'un à l'autre, se sont pourtant retrouvés, au fil des années, autour d'une constante commune, aisément identifiable dans l'édition, dans le journalisme, dans presque toute la production cinématographique, dans une grande partie de la production télévisuelle : être toujours contre le système, contre la situation politique [...]