Le précepte de la pureté est définissable par les interdits des sixième et neuvième commandements. Mais leur respect exclusif, à la lettre, serait pharisaïque et comme faussé. Il y manquerait le renoncement de soi, le don de soi au prochain et à Dieu. Nul ne peut le découvrir sans une éducation à la vie intérieure, ni le pratiquer sans la prière et l'acceptation de la grâce de Dieu. C'est une des tâches décisives de la famille et des pasteurs.

La tâche familiale et pastorale de l'éducation à la pureté est belle, parce qu'elle concerne tout l'être dans sa vie intérieure et dans sa relation aux autres, à Dieu et au monde. Elle est belle parce qu'elle concerne tout le devenir humain, personnel et collectif. Elle donne une âme à l'art et à la culture.

1. Déplacements d'accents dans la culture occidentale

Pour les générations éduquées à se méfier de l'affectivité et de la sexualité, la pureté du coeur tendait à se réduire à la pureté sexuelle. Beaucoup d'aînés n'ont retenu que le sixième et le neuvième des « dix commandements ». Le septième (sur la justice), ne semble guère avoir laissé de traces dans leur mémoire, et beaucoup se débattent encore avec une conception étriquée de la pureté. Cependant, la situation semble s'inverser. Aujourd'hui pureté du coeur ne rime plus nécessairement et seulement avec pureté sexuelle. Elle implique davantage un refus de l'hypocrisie, une aspiration à la justice et à la vérité. Eduquer les jeunes à la pureté est devenu une tâche plus globale qui n'exclut pas l'éducation à la chasteté, mais qui situe celle-ci dans le contexte de la vérité envers soi-même, de la justice envers autrui et de l'ouverture au don de Dieu et des autres. Dans une culture qui exaltait des valeurs « musclées » : civisme, volonté, rendement (et profit), l'affectivité apparaissait comme une valeur « faible » : vertu des femmes et vice des efféminés. Il en fallait, mais pas trop. Or, la psychologie et la sociologie ont montré comme l'affectivité structure les personnes et les groupes. Plus que jamais l'économique, le politique et le social doivent en tenir compte. Les enquêtes récentes montrent qu'hommes et femmes attachent de plus en  plus d'importance au climat relationnel de leur milieu de travail. Même dans un contexte de crise, beaucoup préfèrent gagner moins, mais travailler dans une ambiance plus humaine. Le souci de la rationalité technique et de la rentabilité n'a bien sûr pas disparu, mais l'affectivité est devenue une donnée déterminante de notre culture. [...]

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